Rite cinéphile du mois de février, nous partons pour la Berlinale. Nous vous proposerons à nouveau cette année un mini-site, ainsi qu’un blog en partenariat avec l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, où vous pourrez suivre nos découvertes au jour le jour : c’est un rythme inhabituel et aussi plutôt excitant, que celui qui consiste à écrire vite, entre deux films, de la façon la plus concise et claire possible, sans pour autant négliger la qualité et tomber dans la brève. Nous nous efforcerons donc de tenir cette veille, avec la même passion qui nous anime toute l’année.
Deux logiques critiques s’affrontent lors de la couverture d’un festival, que nous essaierons de respecter équitablement. D’abord, il y a celle de la sentinelle : voir des films dont on pressent déjà une distribution en France (la Compétition Officielle, les grands noms), mais profiter d’un visionnage loin en amont de cette sortie pour ouvrir le feu critique, amorcer la parole autour du film. C’est cette première vague qui a, l’an dernier, entamé l’adoubement d’un Holy Motors à Cannes ou d’un Tabou à Berlin, facilitant certainement leur distribution future, et ce malgré un jury plutôt indifférent. La seconde logique est celle de l’éclaireur : les sélections Forum et Panorama, entre autres, augurent de belles trouvailles, qu’il faut savoir cueillir et garder de côté. Les films, souvent plus chétifs, vivent dans une fatale fragilité dont il nous incombe de les extirper quand ils le méritent. La chance de les voir risque de ne pas se présenter à nouveau, et offre donc l’opportunité peut-être unique de retenir quelques noms à suivre de près. Il est décisif de ne pas se laisser prendre au jeu des premières mondiales et de l’arène de la Compétition, pour aller se frotter à la fourmillante diversité de ces sélections plus en marge, mais qui font tout le sel d’un festival comme Berlin.
Éclaireur et sentinelle prennent donc leur baluchon. Le choix de ces mots veut traduire l’excitation naturelle du festivalier qui, loin de l’écoulement cyclique du cinéma en salles, des sorties hebdomadaires, s’embaume soudain l’âme d’un désir de défrichement. Faucille à la main, nous débroussaillons ; nous partons en voyage. À nos coupe-coupe, donc ; et à l’assaut des plus beaux fruits.