Du 4 au 8 mai aura lieu la 6e édition du Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen Orient, essentiellement à l’Écran de Saint Denis, mais aussi cette année au Cinéma des cinéastes, à l’Entrepôt, à l’Étoile de La Courneuve, au Studio d’Aubervilliers, à l’Espace 1789 de Saint-Ouen et au Trianon de Romainville. Comme chaque année, la programmation de Boris Spire (cinéma l’Écran) et Kamal el-Mahouti (Indigènes Films), riche d’une trentaine de films, nous invite à découvrir des fictions, des documentaires et des courts-métrages, inédits ou de patrimoine, créés par des cinéastes tunisiens, marocains et algériens. Cette cinématographie, peu diffusée en France, suscite d’autant plus notre curiosité et notre enthousiasme qu’elle s’inscrit dans le contexte particulier des révolutions tunisiennes, égyptiennes et libyennes. Quels regards portent donc les cinéastes du Maghreb sur de tels mouvements, sur le rôle et l’avenir du cinéma ?
Une belle et chaleureuse vitalité se dégageait du Panorama les autres années : les échanges avec les réalisateurs, les concerts, l’espace de rencontres qu’est la tente-salon de thé oriental dressée pour l’occasion, accompagnent l’enthousiasme qu’un public diversifié et parfois peu habitué aux salles manifeste pour ces voyages cinématographiques de l’autre côté de la Méditerranée.
Parmi les fictions inédites, seront projetés des films dont certains ont déjà suscité l’enthousiasme de notre rédaction : les marocains Pégase, de Mohamed Mouftakir, remarqué au dernier Fespaco de Ouagadougou (où il a remporté l’Étalon d’or), Itto Titrit, de Mohamed Oumouloud Abbazi, La Mosquée, de Daoud Aoulad-Syad et la première comédie musicale algérienne, La Place (Essaha), d’Ouzid Dahmane. Quelques jours de répit, d’Amor Hakkar, sorti le 27 avril, a été projeté lors de la soirée de présentation, et ceux qui ont raté en salles Fissures, d’Hicham Ayouch, sorti le 6 avril dernier, pourront le découvrir pendant le Festival.
Les documentaires évoqueront le hip-hop marocain (I Love Hip-Hop in Morocco, Josh Asen), l’immigration clandestine (Séparations, Fethi Saidi, Tunisie), la vie des manœuvres algériens travaillant dans la sidérurgie française (Le Chemin noir, Abdallah Badis), la musique gnawa (Tagnawittude, Rahma Benhamou el-Madani).
Hicham Falah, réalisateur, chef opérateur et producteur, propose deux programmes de courts-métrages, l’un étant consacré aux travaux de l’enthousiasmant collectif de cinéastes tunisiens Exit. Ces derniers présenteront en outre le montage en cours des films réalisés sur les récents événement de leur pays.
Nous sommes particulièrement curieux d’assister à la table ronde du dimanche 8 mai (14h), en partenariat avec la SRF, « Sociétés en mouvement : les citoyens cinéastes au cœur de la refondation des cinémas du Maghreb ». Réalisateurs et producteurs, majoritairement tunisiens et issus de diverses générations, discuteront de la place du cinéaste maghrébin en cette période cruciale. Cinéaste qui, après avoir dû composer avec la méfiance des autorités vis à vis des images, peut maintenant inventer de nouveaux modes d’expression et relayer la conscience collective. Il s’agira aussi de s’interroger sur la réorganisation de l’audiovisuel à envisager dans chaque pays du Maghreb.
Dans le cadre d’une carte blanche, la Cinémathèque de Tanger présentera des courts-métrages, « films poèmes expérimentaux », réalisés lors d’une résidence proposée par l’association Tamaas à huit poètes et réalisateurs français, libanais, mexicains, marocains et américains, qui ont puisé dans la ville de Tanger leurs sources d’inspiration.
Les Pépites du cinéma proposeront quant à eux trois courts-métrages récents en hommage aux femmes.
Autre hommage, celui rendu au marocain Ahmed Bouanani, cinéaste, poète, monteur et scénariste (notamment du culte Wechma – Traces, de Hamid Benani, 1970, et de Daoud Aoulad-Syad), interdit de réalisation par le Centre Cinématographique Marocain, avec les projections de son unique long métrage, Le Mirage, et de trois de ses courts-métrages.
Le Festival fait la part belle à la musique en proposant plusieurs concerts. Des élèves du conservatoire de musique de Saint-Denis et de l’association El Mawsili interpréteront des musiques traditionnelles du Maghreb et de la musique arabo-andalouse, Souad Massi du folkrock, du chaâbi et de la musique arabo-andalouse, Saïd Mesnaoui de la musique électro-trance gnawa.
Enthousiasmés par la prometteuse édition de cet événement extra-muros, nous espérons vous y retrouver nombreux !