À l’occasion de la présentation de son dernier film, Mort à vendre, au Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient de Saint-Denis, Faouzi Bensaïdi (également auteur de Mille mois et What A Wonderful World) nous parle de son pays d’origine, le Maroc, de ses méthodes de travail, de ses choix esthétiques. Mort à vendre sera projeté le mercredi 17 avril à l’Écran de Saint Denis à 20h30 et le vendredi 19 avril à l’Étoile de La Courneuve à 20h30. Pour qui raterait ces occasions, la date de sortie salle de ce beau film, prévue prochainement, est à guetter !
La forte présence des mouvements de caméra s’est-elle imposée à vous rapidement ?
Mon premier rapport au cinéma est presque musical. Les mouvements de caméra sont comme des solos dans un orchestre. J’aime quand la caméra raconte elle-même quelque chose, en étant autonome par rapport aux déplacements des personnages. Elle n’est pas toujours là juste pour enregistrer l’action. Le mouvement lui-même est porteur de sens, comme une phrase musicale, un poème, lyrique, envolé. Je suis souvent ému par la forme d’un film, un mouvement de caméra peut me faire pleurer autant que le jeu d’un comédien.
Parfois, cette autonomie de mouvement donne le sentiment que la caméra est une sorte de destin qui régit le devenir des personnages, qui les domine. Comme les plans en plongée qui parfois les écrasent.
C’est vrai, on a l’impression d’un regard impuissant sur la tragédie qui dépasse tout le monde. Avec le recul, je me rends compte que cette grammaire-là revient dans tous mes films : regarder, à distance, avec profondeur de champs, organiser chaque petit détail dans la séquence, filmer, mais donner la liberté au spectateur, aussi, d’aller chercher dans mon cadre ce qu’il a envie de mettre en avant.
Faites-vous un découpage ? Modifiez-vous beaucoup de choses pendant le tournage ?
J’ai besoin de bien préparer mais je me laisse la possibilité de modifier ensuite. Pendant l’écriture je me rends tout seul sur les probables lieux du film. Les scènes sont le résultat de mon imagination et de l’espace. Une deuxième étape est de revenir en préparation sur les lieux définitifs. C’est à partir de ça que je fais un découpage, concret et intuitif.
Les dialogues aussi, je les retravaille après le choix des comédiens, que j’apprends à connaître, je les adapte à leur langue, à leur musicalité. Une fois sur le plateau, je peux changer des choses en fonction d’eux, de l’humeur, du ciel, de l’inspiration. Ayant bien préparé je me sens libre. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas improviser, car quand on tourne à Tétouan, où il n’y a pas d’infrastructures de cinéma et qui se trouve à 400 km du lieu où se trouve le matériel, on ne peut pas improviser un mouvement qui nécessite une grue. Ou alors je peux sur le champ me contenter d’un plan fixe et délaisser la grue si je sens que c’est plus fort, je vis avec cette liberté, cette idée, je mène mon équipe avec cet horizon. Ceci dit cela ne m’est jamais arrivé de renvoyer une grue.
Pourquoi ce choix de plans-séquences quasi systématiques ?
Il y en avait encore plus dans mon premier film, Mille Mois, qui dure deux heures et qui compte moins de 140 plans. Le plan-séquence est pour moi essentiel dans ma grammaire personnelle, il rejoint cette fascination musicale pour le cinéma et une autre dimension qui m’est très chère, la chorégraphie. Ça me permet de chorégraphier les scènes, de leur donner une souffle, une musicalité supplémentaire. Je bannis le champ-contrechamp par exemple. Ça doit relever de la même logique.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Mes influences conscientes sont assez classiques. Welles, Fellini, Hitchcock ont beaucoup compté dans ma jeunesse. Après, j’ai découvert que j’avais des connexions avec d’autres, Kurosawa, Melville, Tati… Mais on a aussi fait le lien entre mon cinéma et des auteurs que je ne connaissais pas du tout, comme Pasolini, Fassbinder, que j’ai découverts vraiment très tard. Il y a des choses qui nous échappent comme ça, c’est mystérieux…
Pourquoi avoir tourné à Tétouan ?
Ça fait un peu bateau de le dire mais c’est vrai : c’est la ville du premier souvenir pour moi. Je n’y suis pas né mais ma famille vivait aux alentours. J’y allais pendant les vacances, et j’y ai vécu une année, étant enfant. C’est une ville qui m’a marqué, j’y ai des souvenirs assez forts. Puis à partir de l’adolescence, je n’y suis plus revenu. Au départ j’ai écrit Mort à vendre pour Tanger. Pendant l’écriture, je suis allé à Tétouan qui se trouve à 40 km. Là, quelque chose s’est passé, entre ce que j’étais en train d’écrire et les souvenirs qui remontaient à la surface. Je me suis dit que cette histoire était là, alors j’ai continué à écrire pour cette ville.
Dans le générique, vous remerciez la plage de Tétouan en 1973…
C’est là que j’ai découvert la mer pour la première fois, lorsque j’étais enfant, et c’était un plaisir intime d’y retourner avec une caméra. Si les scènes sur la plage sont assez mélancoliques, c’est parce que j’étais dans cet état-là lorsque j’y suis revenu. En plus c’étaient des souvenirs d’hiver, donc j’ai tenu à tourner en hiver.
Au début de l’écriture, avez-vous eu l’idée de vos trois personnages en même temps ?
Oui, dès le départ il y avait ces trois garçons, jeunes, à la marge, qui me venaient de souvenirs d’adolescence. Le trio était très concret dans ma tête. Tout est parti de là. D’ailleurs même le casting nous l’avons mené dans ce sens, c’était évident qu’il nous fallait trouver trois comédiens qui fonctionnent tous ensemble. Cela a pris beaucoup de temps de trouver un trio et non pas, seulement, trois bon jeunes comédiens.
Comment avez-vous travaillé l’interaction entre eux ?
Je les ai fait venir à Tétouan, quand j’étais en prépa. Nous n’avons pas fait de répétitions, je leur ai dit d’aller fumer ensemble, d’aller faire des conneries ensemble, dans des quartiers un peu chauds. Cela a très bien fonctionné, ils sont devenus très proches. Ils ont constitué un passé commun, des souvenirs, des expériences partagées.
Est-ce que c’était une évidence pour vous d’interpréter le personnage du flic ? Comment s’intègre-t-il au trio ?
Quand j’ai écrit je ne pensais pas le jouer. Pendant la prépa, j’y ai pensé tout seul dans mon coin, et les producteurs aussi de leur côté, quand on s’est parlé ensemble, cela paraissait évident on s’est dit que c’était une bonne idée. Ce personnage me plaisait. Et puis dans la dramaturgie, ce type met en scène Malik, qui devient sa marionnette, il tire toutes les ficelles et fait avancer l’intrigue. Par-là, il est proche de ma posture de réalisateur. Il y a une scène très parlante à cet égard, c’est un critique marocain qui en a fait cette analyse, Mohamed Bakrim, quand dans le fourgon de police, il demande à Malik et Dounia de s’embrasser, de recommencer… Il les dirige, il leur fait une démonstration de pouvoir qui va très loin dans le cynisme et la violence. On peut donc penser à une sorte de mise en abyme.
Vous aviez aussi joué dans votre précédent film, What a Wonderful World.
Dans ce film-là mon personnage était complètement différent. Il avait un calme british, il était élégant, séducteur, il maniait bien les mots. Cela m’intéressait d’explorer autre chose, cette fois un type de la marge.
Mort à vendre est sombre mais il est drôle aussi, par petites touches. Avec votre personnage, dans certains dialogues, certaines situations…
C’est comme si la futilité de la vie pouvait arriver à des moments où on l’attend le moins, comme si le tragique et le ridicule allaient ensemble. Othello est une tragédie, il tue Desdémone mais finalement l’alibi est un mouchoir !!! Il y a toujours une dimension où la vie pénètre le tragique. J’aime bien cet aspect vaporeux des choses. C’est aussi lié à ma culture. Au Maroc on vit les uns sur les autres, ça engendre des choses assez terribles et assez drôles aussi. Surtout dans des moments comme les mariages par exemple, où les gens boivent en cachette puis se tabassent en pleine fête, où la mariée pleure, avec ce stress de la virginité qui créé une tension qui parfois explose. Pour moi c’est presque naturel de ne pas être dans le respect du genre, même si dans ce film je cherchais une sorte de classicisme. What a Wonderful World, au contraire, était proche de l’expérimentation.
La façon dont vous traitez le suicide d’Awatif (la sœur de Malik) peut étonner. On comprend bien que c’est un drame pour Malik, or passé l’événement en lui-même, plus personne n’en parle, il est complètement évacué du récit. Était-ce une volonté de départ ou avez-vous coupé des scènes ?
Il y a en effet une scène que j’ai coupée au montage, dans laquelle Malik et sa mère s’expliquaient et où il lui balançait tout à la figure. Je l’aimais beaucoup parce qu’on apprenait des choses sur leur vie, mais je l’ai trouvée un peu explicative au final, donc je l’ai enlevée. Mais c’était la seule scène qui revenait sur cet événement. La mort de la sœur n’a pas de conséquence sur le récit, l’idée c’était qu’ils vivent avec. Ils avancent, ils sont dans une urgence où il faut qu’ils avancent pour survivre. Malgré tout, quand Malik est au bar, sa douleur revient, on voit bien qu’elle l’accompagne.
Ils avancent mais ils avancent doucement. Par son rythme assez lent, le film accompagne, ou rend compte, d’une sorte de stagnation des personnages, une inertie dont ils ont du mal à sortir.
Cette inertie est celle de la société en général. Rien n’arrive de bien à ces jeunes gens, ils se contentent d’une vie marginale, ils se débrouillent, ce sont des oubliés de l’histoire, des laissés pour compte. Et même les jeunes qui tabassent Soufiane finalement, qui sont bien sous tous rapports, d’une classe sociale beaucoup plus aisée, ils sont dans le même vide que les autres. La violence la plus dangereuse est diffuse et touche tout le monde. C’est drôle de voir comment dans ce nouveau monde « pacifié » et hautement sécurisé et sécuritaire la violence est le seul rapport que semblent détenir les humains entre eux.
Ce que vous montrez de l’islamisme, c’est qu’il est une solution possible, pour Soufiane, de trouver un sens.
Oui, il s’accroche à des gens qui tout simplement l’écoutent. Il le dit à un moment : il était comme une poubelle vide avant de rencontrer l’Islam. Même si maintenant elle est remplie de tout ce qu’il y a d’exécrable. Il trouve une famille, une sorte d’appartenance à quelque chose. Les islamistes ont beaucoup travaillé le social, le quotidien, ils vont dans des bidonvilles rencontrer des gens. L’histoire de Soufiane trouvant du réconfort dans l’islamisme est vraiment proche de la réalité. Ce type se retrouve à se dire qu’il a une raison de vivre, une noble raison. Même si cela l’amène à tuer le bijoutier à la fin. Et finalement, un type frustre comme Allal, qu’au début du film on croirait sans éducation, a beaucoup plus d’honnêteté, refusant juste par le bon sens de tuer un homme qui ne lui a rien fait. À un moment, et c’est assez drôle, il demande à Soufiane ce qu’il reproche au bijoutier. Soufiane répond : «plein de choses, entre lui et moi il y a l’Andalousie, l’Irak, la Palestine…» Ça, c’est du charabia que les islamistes mettent dans la tête des gens. L’Andalousie… Cela n’a pas de sens!
Ce que vous vouliez dire du Maroc, c’est que la société ne s’occupe plus de ces gens-là ?
Oui, c’est une génération qu’on a abandonnée. La culture faisait peur alors on n’a presque rien fait pour elle. Aujourd’hui on se rend compte de l’erreur, que ce vide culturel a fait des ravages. Pendant les luttes gauchistes, des années 1960 au milieu des années 1980, il y avait malgré tout la possibilité de s’accrocher à des idées, à des valeurs, on pouvait échanger sur nos visions du monde. Même si l’on a découvert après les horreurs qui se sont passées pendant cette période-là, il y avait de belles choses. Moi je pouvais aller dans un ciné-club gauchiste qui ne passait que des films russes par exemple. À partir des années 1990, le vide culturel est devenu énorme.
Les années 1990 au Maroc correspondent à quoi précisément ?
Ça ne diffère pas du reste du monde. La mondialisation du commerce, de la politique, de la technologie, de l’être finalement et de la culture. N’oublions pas quand même « la world musique », on a vendu des millions de disques nuls sous cette appellation. La finance qui engloutit tout et donc l’argent comme seule valeur, seul refuge, seul plaisir, seule appartenance. La culture, l’identité, la différence, la diversité, tout ça est has been. Le Dieu argent est le Dieu unique.
Le cinéma marocain se porte plutôt bien aujourd’hui, du moins, beaucoup mieux. Qu’en est-il des autres arts ?
Pour la musique ça va assez bien. Avec un petit matériel informatique on arrive à faire des merveilles, donc plein de groupes ont eu accès à la scène. Comme pour le cinéma, une nouvelle génération est arrivée alors qu’il n’y en avait pas eu depuis des décennies. La peinture a toujours été très vivante. En littérature, il y a des îlots mais il n’y a pas de mouvement. Le théâtre était très présent des années 1960 à fin des années 1980, parce qu’il est souvent porteur d’idéologies. Il était très engagé dans la lutte, pendant 30 ans. Et puis il s’est malheureusement perdu, parce qu’il a eu moins de soutien, que ses acteurs se sont usés, parce que c’est un art plus pauvre, plus marginalisé, et qu’il faut beaucoup de foi pour en faire. À la fin des années 1990, il y a eu un vrai mouvement de court-métragistes. L’État a suivi. On est l’un des rares pays dans le monde arabe à avoir un vrai système d’aide, un CNC qui finance entre quinze et vingt longs métrages par an, une cinquantaine de courts. Il y a des écoles de cinéma qui ouvrent, dont une à Marrakech, qui est très bien, des festivals (Tanger, Tétouan, Rabat…), la cinémathèque de Tanger… Mais il y a une sorte de mollesse que je n’explique pas. Ma génération est arrivée avec beaucoup d’inconscience mais beaucoup de désir, et ce désir aujourd’hui, je ne le sens pas aussi fort, peut-être à cause du confort qu’ont eu les jeunes cinéastes. Je ne veux pas être sévère à ce sujet, cette mollesse est peut-être passagère, on a peut-être besoin que les choses se clarifient davantage, parce que tout ça est arrivé très vite.
La fin de votre film m’a surprise, je ne m’attendais pas à ce que Dounia trahisse Malik. Mais quelqu’un à côté de moi l’avait deviné. Qu’avez-vous voulu créer chez le spectateur avec cette fin ?
Je suis du côté de la surprise, pour moi, Dounia aime Malik, elle n’a pas prévu de le tromper. Mais c’est très bien que le spectateur interprète comme il veut. On m’a même dit que Dounia et le flic avaient comploté depuis le début. Pourquoi pas! Mais pour moi il y a une vraie histoire d’amour entre eux. Peut-être qu’elle pris cette décision dans les toilettes, pas avant. Car c’est une fille qui vient de la rue, de la survie, donc comme Malik qui trahit son meilleur ami, à un moment donné, elle sauve sa peau. La dureté de la vie des personnages leur donne des réflexes de survie très forts. Les êtres et les relations humaines sont très complexes, c’est pour ça que mon film ne donne pas de réponse et qu’il ne juge personne.
Les personnages sont complexes tout en incarnant aussi des figures représentatives du film noir…
Oui, il y a le type qui sort de prison au début du film, qui veut refaire sa vie et faire le dernier coup, la femme fatale, le flic… Le projet de départ était vraiment de respecter le genre et de trouver une liberté à l’intérieur de lui.
Certaines scènes, à la discothèque la Passarella et dans l’usine où travaille Awatif, ont une dimension documentaire plus affirmée que les autres…
La facture du film l’exigeait, ce que j’aime c’est quand à travers le genre, divertissant, on pose un regard aiguisé et juste sur la société et qu’à travers des personnages plus grands que la vie on touche à la tragédie. Je voulais avec ces scènes être proche du réel. D’ailleurs, tout ce qui concerne le trafic de la contrefaçon par exemple est véridique.
Comment avez-vous fait travailler la musique originale ?
J’ai travaillé avec Richard Horowitz, qui a été très généreux avec le film. Depuis qu’il a composé la musique d’Un thé au Sahara de Bertolucci, il connaît très bien la musique marocaine, il n’a jamais perdu le contact avec elle. J’avais envie d’une musique qui part de sonorités marocaines mais qui prenne une dimension orchestrale, symphonique, lyrique, qui collait au romanesque de l’histoire. Il a été très juste par rapport à ça. Quant aux musiques additionnelles, je les ai entendues presque dès l’écriture.
De film en film, retravaillez-vous avec les mêmes personnes ?
J’avais déjà fait jouer l’acteur qui interprète Soufiane, dans un court-métrage puis dans Mille mois, quand il était petit garçon. Je retrouve souvent les mêmes comédiens. Le beau père de Malik, le réceptionniste de l’hôtel, Awatif, ont travaillé dans mes autres films, de même que l’ingénieur du son, le chef opérateur, certains techniciens… J’aime bien cet esprit de troupe, qui me vient du théâtre (Faouzi Bensaïdi était metteur en scène de théâtre avant de faire du cinéma, et il y retourne parfois, ndlr). On se nourrit des gens, alors on avance mieux quand on les retrouve de projet en projet.
En quelle langue écrivez-vous ?
J’écris d’abord en français, pour mon producteur, le CNC, les partenaires proches puis je traduis en marocain pour mes comédiens. Je modifie ensuite les dialogues en fonction de leur langage à eux, en arabe, puis je les retravaille une dernière fois avant le tournage. Je sais que le texte français est toujours provisoire, ouvert. On se balade d’une langue à l’autre, ce va-et-vient est presque devenu une méthode qui me plaît bien.
Vous a-t-il été difficile de trouver des financements ?
Ce film a coûté un peu plus d’un million d’euros, que j’ai reçus du CNC marocain, de l’Allemagne, de la Belgique et de la France. J’ai retrouvé les mêmes partenaires financiers que pour mes films précédents mais ça a été moins facile car nous avons commencé à demander de l’argent au moment de la crise et ses rumeurs, les angoisses qu’elle a générées. Les gens avaient plus peur qu’avant d’investir. Et puis, comme on sait, l’argent se concentre de plus en plus sur les gros films, puisque le cinéma suit la marche du monde et qu’elle va dans ce sens. Les grands marchés, les multinationales, les supermarchés… Mais je suis content d’être l’épicier du coin qui ouvre tard et qui sert des petits plats mijotés avec plaisir et non emballés sous le même format.