Tragicomédie ankylosée, Amsterdam retrace par le prisme de l’enquête de trois amis (Burt, Valérie et Harold, joués respectivement par Christian Bale, Margot Robbie et John David Washington), un vaste complot du début des années 1930 visant à faire tomber les États-Unis dans une dictature fasciste. David O. Russell y accumule les scènes lourdes de sens qui accentuent le manichéisme à l’œuvre (un mélange de nazis, d’industriels et de capitalistes véreux affronte de fidèles Afroaméricains, fiers d’avoir défendu leur pays lors de la Première Guerre Mondiale). La reconstitution ne fait qu’engluer l’intrigue du film dans une patine rétro chic, sans rien faire de plus de ce matériau : les quelques scènes de guerre, aux enjeux pourtant déterminants pour la suite du récit (la rencontre entre les trois compagnons), semblent ne s’insérer dans ce carrousel d’images que pour dynamiser la nébuleuse investigation, qui se déploie sur différents lieux et plusieurs années.
Le récit n’est pas le seul à être pataud : d’abracadabrantesques mouvements de caméra rendent les scènes illisibles, le découpage effréné hache les actions en une succession de brefs plans filmés en très courte focale, l’omniprésente voix-off du personnage principal alourdit le récit d’un pesant didactisme… Cette dimension démonstrative est renforcée par la profusion d’images volontairement crues montrées et remontrées avec insistance, comme l’autopsie d’un cadavre ou l’assassinat d’une femme poussée sous les roues d’une voiture. Le casting pléthorique renforce ce sentiment d’esbroufe, la myriade de personnages secondaires incarnés par une ribambelle de célébrités (Anya Taylor-Joy, Rami Malek, Michael Shannon et Robert De Niro) accouchant au mieux de simples caméos, au pire d’accablants numéros de cabotinage. En cherchant à tout prix à épater la galerie, Russell accumule les artifices jusqu’à rendre son film, déjà tortueux et bavard, singulièrement indigeste.