Adapté du guide de grossesse de Heidi Murkoff, véritable best-seller aux États-Unis, Ce qui vous attend si vous attendez un enfant est une comédie chorale qui entend tordre le cou aux idées reçues et décomplexer les futurs parents. Malgré quelques situations cocasses, le film reste bien-pensant et plein de bons sentiments… Sans grand intérêt.
La grossesse semble être un thème qui inspire le cinéma ces derniers temps. Si l’on songe au seul cinéma français l’année dernière, trois films ont abordé le sujet selon des approches très différentes dans le genre de la comédie dramatique: le désenchantement de la mère dans Un heureux événement, le déni de grossesse dans La Brindille, la grossesse collective dans 17 filles. Le cinéma américain n’est pas en reste et explore le thème de façon plus ou moins réussie dans le genre comique (Juno, En cloque mode d’emploi, Plan B). Ce qui vous attend si vous attendez un enfant prolonge cette mouvance, sans en renouveler les codes, bien au contraire.
Avec le thème prospère de la grossesse, le réalisateur, Kirk Jones reprend la forme du film choral, qui a assuré de beaux succès commerciaux à Hollywood, à défaut de réussite cinématographique. Comme dans les derniers films de Garry Marshall (Valentine’s Day, Happy New Year), le film multiplie les personnages, ou plutôt les couples : les jeunots (Anna Kendrick – Twilight – et Chace Crawford – Gossip Girl), le vieux beau et sa jeune compagne (Dennis Quaid et Brooklyn Decker) et de nombreux couples de trentenaire (Cameron Diaz et Matthew Morrison, Jennifer Lopez et Rodrigo Santoro, etc.). La différenciation entre les couples s’opère dans la façon dont survient la grossesse (désirée et attendue depuis longtemps, désirée et inattendue, non désirée, impossible) mais surtout dans la manière de vivre cette grossesse, comme un épanouissement ou comme un calvaire.
Les couples évoluent séparément sans se rencontrer, le film ressemble ainsi davantage à un assemblage de cinq courts-métrages. Les potentialités du film choral ne sont pas du tout exploitées si ce n’est dans les quelques rencontres entre le couple du fils (Ben Falcone) et le couple du père (Dennis Quaid). Ces scènes offrent les moments les plus cocasses grâce à la confrontation entre Wendy, l’autrice control freak à succès complètement folle de bébés qui perd tout contrôle et Skyler, la femme-trophée détendue qui vit sa grossesse simplement. Les contrepoints loufoques se multiplient tout au long du film : Wendy essaie d’être enceinte depuis deux ans, Skyler s’est retrouvée enceinte par surprise ; Wendy attend un petit garçon, Skyler des jumeaux ; Wendy, qui était contre la péridurale, la réclame ardemment et finit par subir une césarienne, Skyler accouche de son premier enfant après un éternuement… Mis à part ces quelques trouvailles amusantes, le scénario n’offre aucune surprise et se déroule bien gentiment selon les trois étapes attendues de l’annonce de la grossesse, de ses péripéties et de l’accouchement.
Le film ne renouvelle pas non plus le discours sur la grossesse, et reste même très puritain, notamment au sujet de l’avortement. Le titre du film, qui laissait attendre des révélations croustillantes sur la grossesse, ne tient pas ses promesses. L’humour est loin d’être corrosif, plutôt sans subtilité, et ne fait pas vraiment rire. La grossesse n’est d’ailleurs pas seulement abordée sous le seul angle comique, un peu de pathos surgit de ci de là sans arracher non plus de larmes au spectateur… Qu’on se rassure, même si la grossesse a pu être un calvaire, le nourrisson apaise et fait oublier tous les maux. Le happy end est conservé et la morale aussi.