Le plus beau plan de Frankie, qui se trouve à la toute fin du film, a le défaut de surligner son ambition : face à la mer, un groupe d’amis contemple le soleil se coucher, tandis que ses reflets sur l’azur forment comme un ruban dorée que prolonge un sentier terreux que les personnages vont, un à un, emprunter pour quitter le champ. Frankie est en effet autant le récit d’un crépuscule, celui de son héroïne, atteinte d’un cancer en phase terminale, que d’une réunion et d’un lâcher prise. Ira Sachs tisse autour de ce fil un petit panorama de passions épuisées et naissantes, faites d’amitiés et de ressentiments tus, dans ce qui ressemble parfois à un décalque très chic de ces « comédies de bande » qui relatent les vacances d’amis bourgeois se déchirant autour de rapports d’argents et de mariages à bout de souffle.
Reste que le film, globalement décevant, a le mérite de tirer de ce son impressionnant casting des paires de comédiens et des interactions entre des profils très éloignés les uns des autres. On peut s’émouvoir, par exemple, de la manière dont le nounours Brendan Gleeson embrasse le dos frêle d’Isabelle Huppert, ou le petit pas fuyant de Marisa Tomei qui échappe aux traits toujours sérieux et légèrement contrariés de Greg Kinnear. Dommage toutefois que Sachs ne tire de son récit choral qu’un catalogue de configurations possibles du couple et que le film entérine la réduction de sa mise en scène à une petite « musique ».