Si le cinéaste japonais, palmé en 2019 pour Une affaire de famille, tourne pour la première fois en Corée du Sud, on remarque à peine la différence : Les Bonnes étoiles est bel et bien un Kore-eda pur jus. Le film raconte le voyage d’un groupe composite qui cherche à trouver une nouvelle famille pour un bébé abandonné. En découle un mélo parsemé de bons sentiments et peuplé de personnages aussi imparfaits qu’attachants, de ceux qui émeuvent et font aussi sourire — ce serait l’horizon vaguement chaplinesque que l’on prête à Kore-eda. Ce mélange des genres ici à l’œuvre est au fond raccord avec le sujet de son cinéma : le lien. Les mots du titre japonais sont d’ailleurs connectés les uns aux autres par un petit fil blanc, tandis que le personnage de Sang-hyeon (Song Kang-ho, l’acteur fétiche de Bong Joon-ho), couturier à ses heures perdues, reprise les boutons de chemise de ses compagnons improvisés.
En somme, il s’agit d’un cinéma de la suture, qui part de sujets graves pour raccommoder les êtres abimés et raffermir les liens distendus. Le souci tient à ce que le film, qui se rêve tendre, s’avère surtout mièvre et sirupeux. Quelques plans un brin plus inspirés que la moyenne (par exemple, un bras qui entre dans le cadre pour masquer un visage mouillé par les larmes) pèsent peu face au ronron d’une mise en scène servant d’écrin à un déballage psychologique faussement complexe. À force d’étaler sa mignonnerie, Kore-eda transforme le « tout le monde a ses raisons » de Renoir en un « tout le monde a un bon fond ».