Puisqu’on vous DIT qu’il faut voir des films d’horreur ! Même si vous y êtes, pour une obscure raison, allergique, voyez au moins les très bons – et très méta – Scream et La Cabane dans les bois, ça vous permettra d’apprendre des choses. Comme : quand vous faites partie de l’expédition archéologique chargée d’exhumer une pyramide étrange enfoncée sous les sables, alors que se déchaînent les événements de la place Tahrir et qu’ils vous reste deux heures pour évacuer, vous PARTEZ, vous ne vous amusez pas à aller explorer la nouvelle pyramide récemment ouverte parce que bon, deux heures, on a le temps non ? On jette juste un œil. Ou, lorsqu’un membre du groupe que vous avez traîné dans les labyrinthiques couloirs de ladite pyramide se prend un bloc de douze tonnes sur la jambe, la réduisant à l’état de pulpe 1) vous ne tentez pas de le soulever avec vos petits bras musclés et 2) vous ne lui tenez pas un discours du genre « on va trouver la sortie (même si on est complètement perdus) et on revient tout de suite avec les secours, bisous ». Personne n’y croit et ça fatigue tout le monde.
L’Égypte, low cost
Complice de longue date de l’écurie d’Alexandre Aja, Grégory Levasseur fait ici ses débuts de réalisateur à part entière. Aja, c’est autant le bon (La colline a des yeux, Piranha 3D), le moyen (Mirrors, Haute Tension) que le médiocre (Deuxième sous-sol). Malheureusement, c’est dans cette dernière catégorie que vient se ranger Pyramide : celle des projets alléchants mais qui accumulent les erreurs. En tout premier lieu, l’absence totale du moindre second degré – qui faisait merveille dans Piranha 3D – renvoie le film quelques années en arrière, au temps béni des séries B pour lesquelles donner dans les pires clichés n’était pas un problème. On pourrait aisément le pardonner, si la forme était au rendez-vous, mais Grégory Levasseur se perd rapidement dans les couloirs sans identité, rappelant plus volontiers le décor factice où a eu lieu le tournage que la pyramide qu’il est censé évoquer. Reste la menace. Savamment distillée, elle tient d’intérêt principal pour le film, jusque dans ses derniers moments. En cela, Pyramide partage la principale caractéristique des projets associés à Alexandre Aja : la conscience et la fierté d’appartenir de plein droit à la série B. La plupart du temps, les limites de l’exercice rognent les ailes des films qui font montre d’efficacité, sans étincelle pour se singulariser. Parfois, cela les plonge dans une triste médiocrité anonyme : c’est le cas de cette Pyramide, honnête mais vraiment peu excitante.