Chaque semaine, au milieu de la dizaine de titres distribués sur les écrans français, le cinéma de patrimoine peine à trouver sa place. Il reste tributaire du courage des exploitants et des distributeurs qui s’engagent à lui faire encore rencontrer le public. Nous croyons nous aussi à l’importance de ces reprises en salles, qui renouvellent l’immortalité des films, leur permettant de dialoguer avec de nouvelles générations de spectateurs, prouvant aussi parfois leur brûlante actualité comme ce fut le cas, il n’y a pas si longtemps, de Metropolis. C’est pour cela que nous nous efforçons, nous aussi, d’accorder à ces sorties un intérêt égal à celui que nous accordons au cinéma d’aujourd’hui. Pas de passéisme déplacé : nous portons sur ces films le même regard critique. Néanmoins le septième art, empreinte précieuse du monde et de l’époque, mérite mieux que l’amnésie.
Et quand on sait les difficultés déjà rencontrées par les films de production récente (rappelons qu’un peu moins de six cents films sont distribués en France chaque année), il faut une véritable bravoure économique pour s’aventurer dans la diffusion du cinéma de répertoire. C’est pourquoi nous rendons hommage, cette semaine, à la profusion d’œuvres reprises en salles. Action Cinémas propose ainsi de (re)découvrir Manpower, l’entraîneuse fatale à l’occasion du cycle Walsh du festival de La Rochelle. Carlotta ressort de son côté La Garçonnière de Billy Wilder. Chez Lost Films, on remet au devant de la scène un film dont la sortie en 1955 fut déjà un événement historique de la distribution, puisque Stella, femme libre fut très certainement le premier grand succès international du cinéma grec. Enfin, et c’est sûrement l’entreprise la plus ambitieuse, Orly Films projette en salles six films de John Cassavetes en version remasterisée : Shadows, Faces, Une femme sous influence, Meurtre d’un bookmaker chinois, Opening Night et Gloria. Nous avons tenu à ne rater aucun de ces titres, et vous proposons donc cette semaine notre regard, toujours critique, sur chacun d’entre eux.
Souhaitons à tous ces films passionnants de rencontrer, une nouvelle fois, de jeunes regards, de nouveaux dialogues avec les publics, dans la jungle des sorties. Pour que les salles obscures restent un lieu toujours ravivé de nouvelles découvertes, vive le cinéma d’aujourd’hui… et vive celui d’hier.