À juste titre, il a beaucoup été dit comment la pandémie de Covid-19 a accéléré un certain nombre de bouleversements dans la manière dont les films sont vus, en même temps qu’elle a renforcé les inquiétudes entourant le devenir de l’industrie cinématographique. Plus largement, ce sont les contours même du cinéma qui semblent remis sur le métier. Fin 2020, on s’interrogeait : qu’implique aujourd’hui « d’aller au cinéma » comme l’entendait Serge Daney, c’est-à-dire d’aller à sa rencontre ? Peut-être d’envisager qu’il connaît à l’heure actuelle une forme de propagation mais aussi de dissémination dans l’espace plus large des images qui nous entourent. Nous avons profité d’une petite accalmie dans l’actualité des sorties pour tenter de creuser cette fois-ci la question du devenir du cinéma sous un autre angle, celui des évolutions techniques et des images périphériques qui dialoguent avec lui. Plus que des réponses, les textes composant ce dossier esquissent plusieurs pistes et hypothèses : comment dialogueront le cinéma et le possible métavers que fantasme la Silicon Valley ? Qu’implique le potentiel remplacement des fonds verts par les écrans LED ? Et si l’avènement du numérique augurait une mutation du cinéma le rapprochant davantage de la peinture ?
En explorant ces différentes questions, une approche commune s’est dégagée : réfléchir au futur possible du cinéma à l’aune de sa technique – car le cinéma reste avant tout une machine en perpétuel renouvellement –, mais aussi de son passé. Peinture, rétroprojection, art pariétal, etc. Les transformations opérées par l’avènement des images numériques dessinent autant de nouveaux horizons qu’elles opèrent une série de remédiations de pratiques anciennes, voire que l’on croyait révolues. C’est d’ailleurs l’une des conclusions que partagent plusieurs des articles ici proposés : pour entrevoir, même partiellement, où va le cinéma, il faut remonter le fil de l’histoire et comprendre d’où il vient.