Avant de fêter ses 10 ans en 2012, le festival Paris Cinéma s’est offert pour sa 9e édition, qui s’est tenue du 2 au 13 juillet dans plusieurs salles parisiennes, une programmation dense et éclectique, tout en conservant son concept démocratique : tous les films présentés sont accessibles au public. Un parti-pris audacieux et payant, le Festival rencontrant d’année en année un succès croissant. Compétition internationale, avant-premières, rétrospectives, un pays à l’honneur (le Mexique), une Nuit du Cinéma et de nombreux événements (ciné-karaoké, brocante cinéma, expos…) : une telle volonté de fédérer autour du cinéma sous toutes ses formes, du plus accessible au plus ambitieux, force l’admiration… en dépit d’une impression de fourre-tout qui se dégage parfois de l’ensemble, à l’image des 8 films en compétition, de qualité très inégale. Nettement au-dessus du lot, l’extraordinaire second film de Valérie Donzelli, La guerre est déclarée, a remporté sans peine le prix du Jury, le prix des Blogueurs et du Web et le prix du Public. Au détriment d’une autre belle surprise, Sur la planche de Leïla Kilani, fascinante chronique des frasques d’une bande de jeunes filles à Tanger, qui doit se contenter d’une mention spéciale du Jury. Imparfaits mais pas moins intéressants, La Ballade de Genesis et Lady Jaye de Marie Losier et Hospitalité de Kôji Fukada (toujours sans distributeur) ont entraîné la sélection sur des terres inattendues : deux cinéastes-savants fous en constante évolution, qui dynamitent les codes et les genres pour mieux les pervertir. Les autres films de cette compétition, en revanche, ont quelque peu déçu… De Lisa Aschan (Voltiges, qui souffre de la comparaison avec le beau Naissance des pieuvres, dont il s’inspire un peu trop visiblement) à Denis Côté (Curling, film aigri qui se place constamment au-dessus de son sujet), en passant par Maryam Keshavarz (En secret, intéressante histoire d’amour entre deux jeunes Iraniennes, plombée par une mise en scène chic et toc), certains réalisateurs sélectionnés n’ont pas du tout convaincu. Reste l’énigme Paula Markovitch, dont le film The Prize (prix des étudiants, tout de même) déploie une belle ambition formelle, hélas diluée dans un montage paresseux. On louera malgré tout l’esprit de ce festival qui, comme peu d’autres, ne laisse pas le public sur le bord du chemin : un rendez-vous populaire qui programme les films de Jerzy Skolimowski et consacre une nuit au roman porno japonais et aux femmes vampires vaut forcément le détour.