Pendant leurs week-ends, Hazel, Jodie et Alice sillonnent à vélo les bourgs du Wyoming, détroussant les supermarchés et stations services à l’aide de pistolets de paintball rafistolés. La caractère bricolé de leurs aventures se marie bien à la forme du film qui, comme les trois enfants, imagine un univers d’heroic fantasy (jusqu’à reprendre dans son générique la typographie du Seigneur des Anneaux) où les smartphones tiennent lieu de longues-vues et les nains de jardin de gnomes à abattre. Un imaginaire de film enfantin (couleurs pastels et douce lumière dorée du 16mm) se mêle donc à des inspirations de jeux de rôle qui donnent au film sa structure : chaque obstacle ou rencontre appelle à une nouvelle quête à accomplir (souvent un artefact à récupérer), de sorte que les trois farfadets, désirant à l’origine connaître le mot de passe de leur télévision pour pouvoir jouer à la console, se retrouvent bien vite à crapahuter dans une forêt à la poursuite d’un œuf porte-bonheur. Ce principe de déviation narrative est cependant à double tranchant ; si Riddle of Fire déjoue le risque d’une progression trop balisée et d’un récit initiatique attendu, il s’enfonce peu à peu dans une stagnation narrative contraire à l’enthousiasme de ses jeunes protagonistes.
Il n’en demeure pas moins que les décalages entre la fantaisie du trio et des environnements contemporains apportent au film une certaine fraîcheur (faire les courses se transforme par exemple en braquage chorégraphié). Ces quelques oasis au sein d’une mise en scène autrement besogneuse finissent malheureusement à leur tour par s’épuiser, lorsque les enfants croisent au mitan de l’intrigue la route d’un gang mené par une authentique magicienne. Ce basculement plus franc dans la fantasy réduit paradoxalement l’imagination des personnages, mais aussi celle de Weston Razooli. Espérons pour sa prochaine réalisation que le maître du jeu soit un peu plus aventureux.