Déjà réalisateur de deux films plutôt réussis sur la solitude, Stéphane Brizé a été séduit par le défi de tourner un long-métrage d’une heure vingt en quatre jours avec des comédiens professionnels du Val de Loire… Enchaînant les mêmes plans, les mêmes constructions narratives cycliques, et les mêmes dialogues plus ou moins généraux, il ne convainc pas cette fois. Peut-être parce qu’on parle trop dans le vent ici. Peut-être aussi parce que le film semble beaucoup trop improvisé et fait à la va-vite pour être aussi profond qu’il le souhaiterait.
Ah, le couple… On en rêve, et pourtant, c’est si difficile de vivre à côté de quelqu’un que l’on ne connaît plus au bout de quelques années. C’est si difficile de comprendre les désirs, les problèmes de l’autre. C’est si difficile de se rendre compte que l’on ne ressent plus rien en voyant les épaules nues de son mari alors que la barbichette de son meilleur pote vous fait frissonner. C’est dur d’aimer, d’être aimé. C’est dur aussi la misère en Afrique, la guerre dans le monde, mais plus dure encore est la sensation d’être seule au monde face à ses contradictions, ses frustrations et ses regrets.
Voilà en quelques mots ce que veut nous dire Stéphane Brizé. Pas de briques cassées en perspective donc : effectivement, le réalisateur du sympathique Je ne suis pas là pour être aimé nous a prévenus. Il a écrit son film en dix jours, l’a tourné en quatre, et sortira peut-être des écrans en une semaine. Son objectif était de montrer des séquences très courtes de couple : six femmes, six hommes. Camille et Christian sont au lit, après l’amour, et se demandent si, finalement, c’est ça l’amour… Puis Christian est avec son épouse Caroline dans leur cuisine et se demande si la confiance n’est pas le ciment de l’amour, puis Caroline passe un entretien d’embauche avec Philippe… Et ainsi de suite, c’est comme la bataille corse, on comprend vite mais on s’en lasse.
Évidemment c’est moche d’être trompée, c’est moche aussi de se sentir rejetée, mais bon… Des dialogues banals censés être profonds et montrer toute la complexité de l’existence, des acteurs dans l’ensemble bons mais filmés avec les mêmes plans fixes pendant une heure vingt, cela ne fait malheureusement pas un film intéressant. L’image numérique, presque documentaire, doit apparemment nous faire ressentir dans sa plus intense réalité les aléas de l’amour. On ne ressent que la surprise de la première séquence, et l’ennui profond devant la répétition des mêmes procédés. Un des dialogues illustre très bien cette originalité d’un regard sur la vie : « Bon alors, salut ? — Ouais, salut. » Tout est résumé.