Le confinement total risque de paraître bien long si Netflix approvisionne ses rayonnages VOD avec d’aussi médiocres entrées de gamme. Cinquième fait d’armes de Peter Berg et de sa vedette Mark Whalberg, les Scorsese et Di Caprio du pauvre, Spenser Confidential ne risque pas de booster la réputation de ce tandem spécialisé dans la fiction patriotique à biscottos. Manifestement en panne d’idées, Berg bricole ici un patchwork entre buddy movie abâtardi, actioner en roue libre et comédie bouffonne, le rire étant confié à une galerie de malfrats bostoniens tout droit sortis d’un premier casting des Infiltrés. Le résultat est un nanar à peine regardable, dans lequel Whalberg trimballe d’une baston à l’autre sa carcasse caoutchouteuse d’ex-flic revanchard désireux d’élucider le meurtre d’un ripou au sortir de prison. Non sans renâcler, il fait équipe avec son coloc, un pugiliste taciturne qui substitue régulièrement la mandale au langage articulé.
Ce produit filmé le plus souvent n’importe comment (on a connu Berg plus habile dans le découpage de l’action) se cherche d’emblée une raison d’être, que lui dénie un script coécrit par Brian Helgeland (auteur de Mystic River, tout de même), à force de vouloir courir plusieurs lièvres à la fois : l’autodérision assumée du projet est neutralisée par la littéralité avec laquelle il glorifie la notion d’héroïsme ordinaire, qui était déjà le sujet à part entière de Traque à Boston. Sans peur et sans reproche (on n’est pas chez Eastwood), le justicier se double ici d’un citoyen exemplaire, l’outsider obstiné tout juste remis en liberté répétant à l’envi les erreurs qui l’ont mené à la case zonzon (« Why are you doing this ? – Because it’s the right thing to do »). Sa seule faiblesse ? Celle, inexplicable, qu’il éprouve pour une toiletteuse pour chiens irlandaise qui n’a pas son pareil pour lui souffler dans les bronches. Tout aussi prévisible mais encore plus couillon, Spenser Confidential est le jumeau parodique de Manhattan Lockdown, bradé en catimini en début d’année.