Si une région du monde fut à l’honneur cet été sur les écrans français, c’est bien l’Asie. Films d’auteurs chinois, comédies hongkongaises, ressortie de classiques japonais : il y en a eu pour tous les goûts. Mais c’est surtout la Corée qui a été le mieux représentée, non pas à cause de son champion officiel, le vétéran Im Kwon-taek, mais grâce à son génialissime outsider (très méprisé chez lui), Hong Sang-soo, dont nous avons eu la chance de découvrir, pas un, mais deux films. Un mois pile après Night and Day, sort aujourd’hui son film précédent, Woman on the Beach. Plus que tout autre, Hong est parvenu à reconstituer une véritable image filmique de la Corée, bien plus authentique que l’exotisme et la vision désenchantée du monde qui gangrène le cinéma de « qualité » coréen, en filmant les fonds de bouteilles de soju et les restes de kimchi à la fin des repas, tard dans la soirée, quand il ne reste plus aux hommes que leur mélancolie à consommer. Car derrière le spleen coréen, le cinéaste nous dévoile les petits tracas de l’âme masculine et son désœuvrement face aux femmes, et touche miraculeusement à l’universalité. Pas seulement rohmérien, Hong Sang-soo, ozuien aussi. Il y a pire comme héritage.