En quoi la présence de Steven Spielberg à la Cinémathèque française, dans le cadre d’une rétrospective de l’intégrale de ses films (du 9 janvier au 3 mars) est-elle un événement ? Il y a belle lurette que le réalisateur, autrefois décrié, est devenu crédible, notamment depuis que son univers est devenu une référence pour nombre de cinéastes qui, eux, auront mis moins de temps à obtenir les faveurs de la critique (Shyamalan et Abrams, pour ne citer qu’eux). Sans doute parce que, plus que tout autre metteur en scène encore en activité, sa filmographie est un véritable concentré de culture pop qui semble contenir tout le cinéma : les films de guerre et les films d’amour, les comédies et les drames, le noir et blanc et l’explosion de couleurs, les extra-terrestres (bons et méchants) et les soldats, la Shoah et la lutte contre l’esclavage, les séries B des années 1950 et Stanley Kubrick, les requins en plastique qui ne fonctionnent pas et l’animation en 3D qui donne mal au crâne. Sans doute, aussi, parce que Steven Spielberg a su filmer comme personne l’innocence de l’Amérique et sa culpabilité croissante. Probablement, aussi, parce que peu de cinéastes ont su capter aussi bien que lui ce rayon de lumière qui, par magie, fait apparaître sur l’immensité blanche d’un écran sans vie, toute la beauté de l’imaginaire.