Qu’attendre de cette édition 2009 de l’autoproclamé «plus grand festival de cinéma au monde» ? Certainement pas des nouvelles têtes : plus que jamais, le Festival de Cannes ressemble à un club privé dans lequel on ne rentre que par miracle. La «politique des habitués», chère à Gilles Jacob et Thierry Frémaux, fait le prestige de la sélection officielle mais révèle également ses limites. Ainsi, pas de premier film en compétition : les rares cinéastes invités pour la première fois dans la course ne sont pas des amateurs, cela va sans dire. On attendra bien sûr de découvrir les œuvres retenues avant de se prononcer, mais l’on peut tout de même d’ores et déjà regretter que les films de Marina de Van, Robert Guédiguian, Michel Gondry et Sam Raimi (pour ne citer qu’eux) ne soient pas candidats à la Palme quand d’autres, a priori moins intrigants (Xavier Giannoli, Gaspar Noé, Jacques Audiard, Ang Lee, Park Chan-wook) peuvent espérer obtenir un Prix. Admettons tout de même une chose : s’il nous agace autant qu’il nous fascine, le Festival de Cannes alimentera toutes nos conversations… Gageons que, de Pedro Almodovar à Alain Resnais en passant par Quentin Tarantino, Johnnie To, Brillante Mendoza, Lars Von Trier, Tsai Ming Liang ou Jane Campion, cette belle réunion de happy few sera à l’origine de coups de cœur et coups de gueule, émotions intenses et douloureuses prises de bec. Souhaitons donc à Isabelle Huppert et son beau jury beaucoup de plaisir… et de discernement.