[Compétition internationale]
Dresser un portrait de Téhéran est un véritable défi tant la société iranienne est marquée par une insondable complexité. La réalisatrice immigrée aux États-Unis depuis 1979 y répond avec patience, par petites touches, en faisant émerger la parole des habitants, en se mettant aussi à l’écoute du pouls de la mégapole de 14 millions d’habitants, de ses flux et de son architecture. L’organisation d’un jeu de miroir entre le passé, la révolution de 1979 et la guerre contre l’Irak, et le présent est également convoqué. A People in the Shadows est en effet chapitré comme suit : « Cercueil d’aujourd’hui », « Martyrs de demain » et « Fantôme d’aujourd’hui ».
Un zapping télévisuel s’intercale, on y perçoit tous les possibles de l’Iran du présent ; une série à l’eau de rose, de l’information en continu, une chaîne de télé-achat puis une de télé-prière s’y déploient. Dans un pays où le mot d’ordre officiel demeure que « le sang des martyrs purifie la société », les images de Bani Khoshnoudi portent une chose et sa contradiction. La langueur du rythme donne la précieuse possibilité de penser et on navigue perpétuellement entre deux impressions. Une belle démarche documentaire qui laisse entrevoir tous les possibles d’une société tiraillée.