[Compétition internationale]
Avec la mention au générique de «Marc» dans le rôle de «Marcus», Mary Jiménez ouvre sans fard son film à la fiction. Marcus a voué jusqu’ici sa vie à aider les prisonniers en cavale, une manière pour lui d’alléger la souffrance de prisons qu’il ne connaît que trop bien. Son palmarès judiciaire effectivement très impressionnant défile lors du générique. Les étapes d’une enfance brisée sont également convoquées, roman de la formation d’une éthique existentielle bien à lui. Sur une base tout à fait documentaire, la cinéaste tisse une mise en scène de la parole de Marcus, en retournant sur des lieux, en jouant sur le hors-champ et de nombreux décadrages et recadrages. La parole est tellement porteuse d’images et d’une dimension romanesque que l’on se lasse un peu de ces procédés qui ont tendance à en parasiter l’accès. Comme on ne comprend pas très bien ce qui pousse la réalisatrice à placer Marcus, homme libre par excellence, en prison et à le filmer par un œilleton pour les besoins du film. Stéphane Mercurio, par ailleurs membre du jury, a montré dans À côté combien le milieu carcéral peut résonner de manière amplifiée sans même pénétrer dans le cadre. Malgré ces réserves, il reste que Le Dictionnaire selon Marcus est le portrait troublant d’un homme à la fois émancipé et prisonnier. Blessé aussi. Les mots froids d’un dictionnaire peuvent devenir tout à coup particulièrement émouvants ; «receler : retenir en soi une chose cachée et secrète.»