[Compétition internationale]
Après le remarquable California Company Town, Americana propose un voyage au cœur des États-Unis certes moins original, mais qui a le mérite d’être instructif et de poser sa caméra dans des endroits bien choisis : dans la petite ville de Needles en Californie et de par le monde. Dans le second cas, des ressortissants des États-Unis sont confrontés à des lieux chargés : aux portes d’un Orient instable (Istanbul), en ex-Yougoslavie (Belgrade), à Hiroshima ou au Vietnam… La position est souvent intenable : les États-Unis ont tout sauf la cote. Le malaise est palpable entre les deux copains d’université, l’ami serbe balance à celui américain une bien cinglante réplique : « on veut la liberté, pas la vôtre ». Avant cela, le cinéaste a saisi quelques plans de la capitale serbe portant encore les stigmates des bombardements de l’OTAN en 1999…
Ces passages pour le moins délicats à l’étranger servent de contrepoint à ce que l’on découvre de Needles, où bat le cœur de l’Amérique. On assiste un peu médusé à tous les rituels du pays. Réunions d’anciens combattants, religion, remise des diplômes, milice de défense civile, sports US ; ce cérémonial qui semble bien folklorique est actif et rassemble une population dotée d’un sens aigu de la communauté. L’usage à foison du « we » l’atteste également. On suit deux jeunes hommes qui font le choix de s’engager dans une armée qui a pignon sur rue pour recruter. Il ressort d’Americana que les États-Unis s’apparentent à une conscience, et plus encore à une croyance. Le traitement visuel des passages hors des États-Unis est sobre alors que Needles est saisie avec une tendance à la belle image. Si la démarche peut lasser, c’est un peu le cas, il s’agit aussi d’une malicieuse mise en abyme de la représentation des Américains par eux-mêmes, du moins tels qu’ils voudraient être vus.