Du 10 au 20 juin 2009, la 18e édition du festival Côté court se déroulera au Ciné 104 de Pantin et dans les salles associées. Compétitions Fiction et Expérimental – Essai – Art vidéo, un panorama de l’actualité du court en 2008, une large rétrospective dédiée à la faune New-yorkaise du cinéma underground, des concerts en live et des lectures de scénarios… De quoi mélanger rencontres humaines et cinématographiques et parcourir des pratiques d’une richesse insoupçonnée.
On a coutume de prendre en compte le dialogue entre la fiction et le documentaire, particulièrement en festival, où sont souvent montrés des films plus fragiles, moins accrochés à leur scénario. Pourtant depuis déjà plusieurs années d’autres dialogues se dessinent. L’explosion des arts dans le cinéma et l’image animée dans les arts en est une régulièrement pointée. Les musées, l’art vidéo, les installations… Tout se mélange et c’est tant mieux. Plus discrètement est apparu le « film de dispositif ». Expérimentations plutôt formelles que techniques, il s’agit de films qui entourent leur récit d’un principe fort, souvent très visible, qui oriente ce récit, le relativise, le complexifie. Le film de dispositif, qui peut produire le meilleur comme le pire, est très présent dans le documentaire. Il s’éloigne de la tendance du cinéma direct qui a continué bien après son heure de gloire à influencer les cinéastes. De nombreux films ont ainsi un centre et une distanciation inclue et visible. Dans la fiction la situation se retrouve, légèrement différente. Le dispositif serait alors la distance tenue face au scénario, de l’exercice de style de mise en scène à une ambiance volontairement prégnante. Le festival Côté court, de par ses deux compétitions, rend particulièrement visible ce dialogue entre l’histoire et la manière de la raconter, sans pour autant enfermer les œuvres. Pour cette édition à la lecture des synopsis et du nom des réalisateurs, comme pour les plus anciennes, on constatera en effet que ces deux axes, Fiction et Expérimental, permettent et incitent les mouvements, d’une catégorie à une autre, d’un genre à un autre.
Cette année en fiction, on retrouve le goût du festival pour un dialogue avec le monde par l’intime, ressentir l’extérieur non par une confrontation avec lui mais par un souvenir, une sensation, une intériorisation. De là tous les sujets peuvent être traversés et c’est ce qu’on espère de cette compétition où se côtoient des films venus de producteurs affirmés, d’écoles d’art et de cinéma, ou de noms propres, plus ou moins connus, notamment Jean-Paul Civeyrac, Danielle Arbid, Mikhaël Hers ou Frédéric Sabouraud.
La compétition Expérimental – Essai – Art vidéo semble reprendre une appréhension similaire du monde, et mettre en avant l’idée du ressenti, par le biais de différents dispositifs. Qu’ils collent à la captation ou soient étudiés pour impacter sur la diffusion, les programmes complètent, approfondissent, jouent sur l’idée du cinéma présente dans la catégorie Fiction. Les deux sont ainsi indissociables et il serait dommage de choisir ses séances sur les seuls éléments connus. C’est le jeu d’un festival que de se laisser diriger, glisser vers l’inconnu pour mieux en dresser le bilan, ce que nous ne manquerons pas de faire sur Critikat à la fin de cette dix-huitième édition de Côté court.
Après André S. Labarthe en 2008 et un point sur la danse en 2007, le festival met par ailleurs cette année New York à l’honneur. C’est le contrepoint d’Hollywood, un vivier d’artistes en marge du système et bien souvent des idées. À travers plusieurs axes, courant des années 1960 à nos jours, les programmes de cette rétrospectives esquissent un pan de la création où de nombreux noms résonnent, souvent plus entendus que vus. On y trouvera des œuvres de Warhol, Shirley Clarke, Maya Deren, Stan Brakhage, une séance de films Fluxus, de passeurs tels que Raymond Depardon, des œuvres d’artistes aux activités plus récentes comme Lech Kowalski, ou l’univers étrange de Shana Moulton où le réel se teinte d’un nécessaire décorum kitch et joyeusement cheap, ambiance onirique et numérique. Il serait long de tout citer mais rappelons qu’une des pièces maîtresses est un film inédit de Jonas Mekas : Notes on an American Film Director at Work : Martin Scorsese (2008).
À chacun maintenant d’explorer le programme pour découvrir toutes les sélections, le panorama 2008 du court-métrage, les événements sonores et visuels avec des concerts en salle (« Double-Bande : Sounds of New York »), les animations new-yorkaises pour vitrioler l’imaginaire Disney des plus jeunes, les lectures de scénarios… À chacun de ressentir le festival pendant ces dix jours et surtout dix nuits d’un format trop rarement mis à l’honneur.