Trish et Daniel, une américaine et un anglais qui séjournent dans un Nicaragua au bord du chaos, entament une relation aussi passionnelle que dangereuse. Dans la moiteur du climat tropical, les corps transpirent et se mettent à nu. Mais on s’interroge : à quoi peut bien servir le cadre dans lequel prend place cette romance fougueuse, si ce n’est à embellir, par un soupçon d’exotisme, l’amour des personnages ? On est en droit de se demander pourquoi Claire Denis s’est donnée du mal pour intégrer à son intrigue des éléments de polar, voire de film d’espionnage, puisque rien ne semble l’intéresser davantage que de filmer les traits et les courbes de ses deux égéries, Margaret Qualley et Joe Alwyn, comme en témoigne la première moitié du récit, où les deux amants se mettent systématiquement en quête d’espaces où ils peuvent faire le vide. Une séquence de filature voit par exemple le couple, à l’arrière d’un taxi, s’émouvoir du fait que la pluie battante masque enfin la laideur de l’extérieur. Une autre les montre danser seuls sur une piste de danse, avec pour unique figurant un DJ, là pour combler leur envie de romantisme.
Quand ce n’est pas Trish et Daniel qui s’aménagent eux-mêmes des petites bulles hors des tracas du monde (le film se déroule en pleine pandémie de Covid), d’improbables coups du sort interviennent pour élaguer ce qui est autour, comme dans cette scène d’attaque à la mitraillette où les balles, passant à côté des deux amants, ne manquent pas de toucher les figurants qui les accompagnent. Partie intégrante des codes du mélodrame, cette asymétrie entre le couple et le reste du monde aurait pu accoucher d’un film aux contours lyriques et flamboyants, exacerbant la part irréelle et fantasmatique de la passion amoureuse. Hélas, Stars at Noon échoue à figurer l’élan qui anime ses deux personnages, la faute à une mise en scène qui ne sait jamais vraiment comment s’y prendre pour donner un minimum d’ampleur à ce qui se passe à l’écran. À moitié conscients du caractère un peu aberrant de leur coup de foudre en pleine dictature militaire, les deux personnages n’arrêtent pas de se plaindre que personne ne veut d’eux dans ce pays, n’espérant au fond qu’une chose : sortir de ce bourbier. Ça tombe bien, nous aussi.