« J’adore tellement baiser », dit Heraldo, personnage principal de Motel Destino, à son amante et copropriétaire du love hotel dans lequel il se cache pour échapper à un gang lancé à ses trousses. Débridé et libidineux, le nouveau film de Karim Aïnouz, de retour en compétition un an seulement après l’affreux Le Jeu de la Reine, ne l’est qu’en surface : si les scènes de sexe y sont récurrentes, le cinéaste filme sans fougue les corps nus et transpirants qui vont et viennent dans l’hôtel ; son désir paraît éteint, et le récit est englué dans une forme de stase. Cloîtré dans le motel, Heraldo devient l’homme à tout faire d’un patron graveleux et pervers, qui multiplie les sous-entendus à son égard, sans savoir qu’il couche avec son épouse.
À cette intrigue qui patine, Aïnouz tente pourtant d’injecter un semblant de trouble par l’entremise de visions pseudo-horrifiques qui surgissent sous la forme de flashs, mais chacune de ces tentatives fait flop. La faute à une mise en scène sans aspérités, qui table un peu trop facilement sur les contrastes et la saturation des couleurs. Si certains plans se démarquent (l’accouplement de deux ânes, un fondu enchaîné sur des éoliennes rougeoyantes, des tâches lumineuses qui tapissent la nuit à la fin du récit), l’ensemble manque cruellement de substance.