Invité d’honneur du Festival Paris Cinéma cette année, le cinéma philippin se devait d’être présent en compétition officielle. Dommage que cette chance revienne à Tribu, premier long métrage écrit, produit et réalisé par Jim Libiran qui prouve hélas, une fois de plus, que les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films. L’action se situe à Tondo, le plus grand bidonville de Manille et Libiran braque sa caméra DV sur une jeunesse désœuvrée, coincée entre menus larcins, rites de passage, drogue, sexe et guerre des gangs. L’effet faussement documentaire, avec ses images tremblantes qui semblent avoir été arrachées sur le vif, dissimule mal l’absence totale de réflexion cinématographique. La plupart du temps, Tribu donne l’impression d’un amateurisme agaçant, avec son montage approximatif et ses cadrages alambiqués semblant sortir du cerveau d’un ado qui teste sa caméra.
Difficile de ne pas penser à La Cité de Dieu de Fernando Meirelles, qui avait au moins le mérite de proposer des personnages consistants en dépit d’une esthétique tape-à-l’œil. De temps en temps, Jim Libiran parvient à rendre compte d’un quotidien sordide en s’attachant à des détails drôles et absurdes qui désamorcent le pathos et empêchent le film de sombrer dans le reportage télé. Dès que sa caméra délaisse ses jeunes acteurs pour s’attarder sur le quotidien des familles du bidonville, Tribu prend de la hauteur. Ces moments sont malheureusement trop rares. Le réalisateur préfère s’attarder sur ses jeunes personnages, interprétés par des comédiens amateurs issus du quartier qui, c’est un comble, ne semblent jamais réellement croire à ce qu’ils jouent. On peut nettement préférer les scènes de vie, sans véritable enjeu dramatique mais dont l’aspect documentaire offre un regard inédit sur une population méconnue, à l’intrigue principale (un règlement de comptes entre bandes suite à un meurtre), vue et revue cent fois. C’est un peu faible…