Dans The Wrestler, Mickey Rourke est Randy The Ram, champion adulé de lutte, qui ne se sent vivant que lorsqu’il est sur scène, en combat. Après un match d’une violence démesurée, Randy fait une attaque cardiaque et est contraint d’arrêter sa carrière. Privé du divertissement auquel il s’était entièrement consacré, il prend acte de la vacuité de sa vie, de sa solitude, et essaie d’apprendre à vivre hors du ring. De retrouver sa fille dont il ne s’est jamais occupé et qui lui en veut, de construire quelque chose avec une stripteaseuse bienveillante. Laide brute incapable de gérer autre chose qu’un combat, Randy a tout pour être antipathique. Il est pourtant assez touchant et cette ambivalence donne une certaine force au personnage, que le cinéaste ne lâche pas un instant. L’histoire de Randy est une histoire triste, ce qu’accompagne finement la musique de Clint Mansell (qui signa celle de Requiem for a Dream, autre opus d’Aronofsky). On sourit aussi parfois (notamment lorsque le protagoniste se réinvente un ring au rayon charcuterie ou il est contraint de travailler). Restent les combats de lutte, réussis en ce que la violence que s’infligent les corps surhumains fait grincer des dents et interpelle. Ils rendent Randy plus intrigant, son choix de la vie sur le ring plutôt qu’avec les autres plus tragique. S’il compte quelques facilités (la stripteaseuse est un peu trop parfaite pour être crédible, les retrouvailles avec la fille un peu trop convenues), The Wrestler pose, à travers la brutalité omniprésente, des problématiques assez riches (le corps mis en scène, la peur du vide, le refuge dans un monde codé…) à propos desquelles le cinéaste a le bon sens de ne pas donner de réponses.