Dans Les Plages d’Agnès, Varda remonte le temps et raconte sa vie, depuis sa naissance jusqu’à l’anniversaire de ses 80 ans. À l’écran, en voix-off, utilisant photos et extraits de ses films, elle est au centre de ce pèlerinage en forme de kaléidoscope. Réellement ou virtuellement, elle voyage à travers les lieux dans lesquels elle a vécu (Sète, Cuba, la Chine, les États-Unis, la rue Daguerre à Paris…). Joueuse, elle ne se contente pas de revisiter les lieux de son passé, elle y reconstruit ce à quoi elle rêvait jadis : convoque des trapézistes sur une plage, construit une baleine et se met dedans, parce qu’elle rêvait qu’elle était Jonas… Elle raconte ses cours à l’école du Louvre, son métier de photographe (sa rencontre avec Vilar, le festival d’Avignon), son féminisme. Et puis le cinéma, qui entre dans sa vie à 25 ans, quand elle n’a pas vu plus de dix films. De La Pointe courte à ses récentes installations à la fondation Cartier et à la Biennale de Venise, nombreux extraits de son œuvre accompagnent ses anecdotes et hommages à ses collaborateurs. Si le ton est souvent enjoué, la mélancolie est prégnante lors des nombreuses évocations de Jacques Demy, de leur vie familiale, de ses films, de sa disparition. Ce portrait fragmenté fait une large place à ceux qui ont compté d’une manière ou d’une autre pour Varda (Vilar, Godard, le chat Zgouzgou, Magritte, Schubert, ses enfants, les veuves de Noirmoutier…). Dans Les Plages d’Agnès, très applaudi et pour lequel elle a reçu le prix Vive la Cinéaste pour l’ensemble de sa carrière, on retrouve ainsi ce que l’on connaît et aime chez Varda, la création ludique, la curiosité enjouée, l’affection, la mélancolie, la fantaisie et, semble-t-il, l’éternelle jeunesse.