Avec Texas Killing Fields en compétition, la Mostra proposait une sorte de curiosité avec ce premier film d’Ami Canaan Mann pour le cinéma. La réalisatrice opérant par ailleurs pour des séries télévisées, où, ce n’est plus à prouver, il se passe des choses très intéressantes. Le titre transpire le polar : c’est bien le cas. Texas City est en proie à des meurtres en série visant de jeunes filles et femmes, ceci depuis un bon bout de temps alors que des problèmes de juridiction ne facilitent pas l’enquête. Au sein d’un duo de flics, l’un d’eux décrète que ça commence à bien faire, et que si ça continue, il va falloir que ça cesse.
Texas Killing Fields circule entre trois « décors » : l’American way of life bien proprette de la ville, le bayou voisin – crapoteux et peuplé de gens qui le sont tout autant – et un lieu mystérieux, un désert de marécages hérissé d’arbres dévitalisés, ce dernier endroit servant à recueillir les victimes. Puisque l’un des policiers en consomme, il advient qu’après Killer Joe on ne verra décidément plus un morceau de poulet pané de la même façon. Au-delà de cet aspect culinaire, les voies du cinéma américain sont diverses, et Friedkin, avec une foi absolue dans les pouvoirs de sa mise en scène, a mis tout le monde d’accord – relativisons : au moins moi avec moi-même, ce qui fait déjà deux. Quant à Ami Canaan Mann, elle joue pleinement la carte du polar atmosphérique, c’est-à-dire une mise en scène stylisée et tarabiscotée à la recherche d’une fluidité élégante, avec, parce qu’il le faut bien, des ruptures de ton lorsque le film se pique de nervosité et de rugosité. Le tout étant enrobé par de lancinants accords de guitare en mode rock progressif. Si Texas Killing Fields vise à s’ériger en bon polar efficace (bien écrit, bien interprété, bien réalisé), on ne récolte qu’un film de genre assez emprunté et sans grande saveur.