Financé par Yves Saint Laurent, ce court-métrage de Pedro Almodóvar, qui voit deux cow-boys raviver les braises d’une passion vieille de vingt-cinq ans, a tout de la petite récréation entre deux projets plus conséquents. L’impression qui se détache de cet embryon de western est d’autant plus cruelle : le cinéaste, qui semble s’aménager un terrain de jeu fétichiste et cinéphile, signe en vérité une sorte d’exercice de style sans style, étrangement dépassionné et dévitalisé. Quand bien même le film se fait par endroits érotique, il ne reste de la fièvre des anciens amants que des cendres refroidies.
L’idée est sur le papier assez belle, mais appelait plutôt à un récit riche en temps morts et en retrouvailles dépliées patiemment, plutôt qu’à une intrigue menée tambour battant pour rester sous la barre de la demi-heure. Le mélange de nostalgie et de regrets que nourrissent les personnages sied ainsi mal au déroulé du scénario, qui laisse peu de place aux détours (les flashbacks tombent d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe). Si bien que l’exercice semble finalement plus narratif qu’autre chose – et le film, hélas, de s’affirmer pour de bon comme anecdotique.