Gordon Willis, le « Prince des ténèbres », est mort ce 18 mai à l’âge de 82 ans. Directeur de la photographie de talent, il est avant tout connu pour sa collaboration centrale avec Francis Ford Coppola sur la trilogie du Parrain. C’est sur ces films (ainsi que sur À cause d’un assassinat) que son travail lui vaudra son surnom, qui souligne notamment sa capacité à ne jamais laisser voir clairement les yeux des personnages.
Moins connue est sa collaboration avec Woody Allen, pour lequel il photographie Annie Hall, le somptueux New York de Manhattan, Intérieurs, Comédie érotique d’une nuit d’été, Zelig, Broadway Danny Rose et la mélancolique Rose pourpre du Caire : autant de réussites formidables, dans des univers pourtant disparates.
Gordon Willis est aussi l’homme de plusieurs des grands thrillers paranoïaques des années 1970 : À cause d’un assassinat, Klute, Les Hommes du président… Durant cette période, les films sur lesquels il travaille recueillent 39 nominations aux Oscars : trois films recueillent même l’Oscar du meilleur film – les Parrain 1 et 2, et Annie Hall. Lui, en revanche, ne fera jamais partie des nominés.
Il s’essayera à la réalisation pour un film, Windows, en 1980 – un thriller lourdement critiqué pour sa vision stéréotypée de l’homosexualité et du lesbianisme, qui lui vaudra une nomination comme pire réalisateur aux Razzies, et que Gordon Willis désavouera par la suite.
Jamais véritablement reconnu par Hollywood, malgré deux nominations tardives aux Oscars, il se retire du monde du cinéma en 1997, après Ennemis rapprochés d’Alan J. Pakula. Malgré cette absence de reconnaissance, Gordon Willis reste une influence majeure dans le domaine de la direction de photographie.