De son premier Wesh Wesh qu’est ce qui se passe ? à Dernier maquis ce mercredi en salles en passant par le lumineux Bled Number One, le cinéma de Rabah Ameur-Zaïmèche suscite souvent des réactions liées aux sujets qu’il pose. La vie en banlieue, les traditions musulmanes, la foi, le rapport patron-employés, font d’autant plus réagir que le cinéaste a l’extrême finesse de ne jamais tenir de discours mais de mettre en valeur la complexité, l’ambiguïté des êtres et des faits de société. Pour fondamentales que soient ces questions et remarquable la façon dont il les pose, il ne s’agit cependant pas d’appréhender les films de Rabah Ameur-Zaïmèche uniquement pour leurs sujets. La force de son cinéma est de parvenir à poser des thèmes graves et complexes via un travail formel magnifique, qui font de ses films autant des portraits de sociétés sur lesquels réfléchir que des objets à contempler. Dernier maquis est une œuvre d’une grande richesse dont on ne finit pas de faire le tour : picturale, chorégraphique, mélodique, rythmique, c’est par la sensation qu’elle frappe le spectateur et lui laisse penser librement au sujet dont elle parle. La justesse de regard du cinéaste révèle la noblesse de ceux qu’il filme et la beauté du monde, sa confiance en la réalité, en le spectateur et en les pouvoirs du cinéma procurent un immense et constructif plaisir. Un film à découvrir donc au plus vite autant pour l’actualité du sujet qu’il traite que pour les questions de cinéma qu’il sait poser.