Les films du monde arabe, parce qu’il est en mouvement, suscitent un intérêt croissant – leur diffusion en festivals est de plus en plus fréquente. Le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient de Saint Denis est là depuis huit ans. Il s’étend cette année sur une période bien plus longue qu’auparavant, du 4 au 21 avril. À l’Écran de Saint-Denis, qui en est le berceau, dans d’autres salles de périphérie (le Studio à Aubervilliers, le Trianon à Romainville, l’Espace 1789 à Saint-Ouen, le Louis Daquin au Blancmesnil, l’Étoile à La Courneuve) ou parisiennes (Entrepôt, Louxor) mais aussi d’autres lieux (Sciences Po, l’Université Paris 8, la médiathèque de Saint-Denis).
Parmi la trentaine de films programmés, fictions et documentaires, souvent inédits ou en avant-première, l’équilibre est trouvé entre des films de facture assez classique (Wadjda, Haifaa al-Mansour, Le Sac de farine, Kadija Leclère, Mort à vendre, Faouzi Bensaïdi…), et des films « recherche » au genre parfois hybride, sur lesquels nous revenons ici.
De ces derniers, nous frappe une forte implication de la subjectivité des auteurs, qu’ils s’expriment à la première personne et se mettent en scène dans des documentaires (Lamine Ammar-Khodja dans Demande à ton ombre, Leila Albayaty, Berlin Telegram, Karim Goury, The Man Inside, Pascale Abou Jamra, Derrière moi les oliviers…), qu’ils fassent le portrait d’un membre de leur famille (un grand oncle ex-membre actif du FLN dans Fidai, de Damien Ounouri, une mère dont est décrit le rapport passionnel à l’oralité de la langue kabyle dans La Langue de Zahra de Fatima Sissani), ou inventent des fictions à partir de leurs expériences intimes (Yema, de Djamila Sahraoui, Mon frère, de Kamal el-Mahouti, Chroniques d’une cour de récré, de Brahim Fritah…).
On trouve aussi dans ce programme des documentaires qui explorent : la place des femmes lors des premières élections démocratiques tunisiennes en 2011 (Militantes…, Sonia Chamkhi), l’Égypte post-révolutionnaire (Le Printemps d’Hana, Simon Desjobert et Sophie Zarifian), l’enseignement de la laïcité que doivent suivre les étudiants imams de la Grande Mosquée de Paris (Les imams vont à l’école, Kaouther ben Hania), le regard de quelques Israéliens sur leur cohabitation avec les Palestiniens (Qu’est-ce que tu racontes ?, Jamal Khalaile et Pauline Carbonnier).
Quelles que soient les formes et les approches, ces films dépeignent tous, d’une façon ou d’une autre, les pays d’origine de leurs auteurs – souvent issus de la diaspora. Il y en aura pour tous les goûts, et pour tous les voyages. Le Panorama s’ouvre aussi avec des partenariats étrangers : l’association Cinéma et Mémoire en Algérie, le Festival du cinéma d’auteur de Rabat, la Cinémathèque de Tanger, l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie)…
Comme chaque année, en plus des projections, accompagnées par les réalisateurs, auront lieu divers événements : concert (de Djamel Allam), café littéraire (Boudjemaâ Kareche, ancien directeur de la Cinémathèque d’Alger, présentera son livre L’Héritage du charbonnier, et Sonia Chamkhi, Le Cinéma tunisien à la lumière de la modernité), tables rondes (« Quelles offres de formation pour quelles productions cinématographiques dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ? » et, avec la SRF, « De la dictature à la démocratie : dialogue de femmes documentaristes »), master-class de Brahim Fritah, atelier d’encadrement d’auteurs (Ciné-Job Algérie, Talents en court), forums des métiers du cinéma…
Pour plus d’informations, se reporter au site du Festival.
Et prochainement sur Critikat, des interviews de cinéastes programmés, Djamila Sahraoui, Kamal el-Mahouti et Faouzi Bensaïdi.