Comme le laissait déjà entrevoir Sans pitié, Byun Sung-Hyun ne cache pas son admiration pour le cinéma de Quentin Tarantino. On retrouve également ici des emprunts à ses films (à commencer par le titre), mais le réalisateur coréen parvient à se réapproprier cet héritage cinéphile d’une manière assez singulière. Première mise à distance : le film prend place dans une Corée en partie fictionnalisée, où les meurtres sont devenus une véritable manne commerciale exploitée par des entreprises concurrentes – parmi lesquelles MK, dont Gil Boksoon (Do-Yeon Jeon) est une des tueuses émérites. Néanmoins, le jeu avec le legs tarantinien passe surtout par son hybridation avec un univers des plus ordinaires : Boksoon n’est pas seulement une tueuse à gages, mais aussi une mère préoccupée par sa relation avec sa fille Jae-young (Si-ah Kim), dont elle peine à accompagner l’adolescence. Obligée de jongler entre les deux pans de sa vie, Boksoon se voit par la suite traquée par les différents pontes de MK, qui décident de se débarrasser d’elle.
De même que Boksoon cherche à concilier vie intime et vie professionnelle au risque de perdre sur les deux tableaux, le cinéaste prétend faire se rencontrer deux univers hétérogènes sans les neutraliser réciproquement. Le pari est partiellement réussi : sans innover, Sung-Hyun Byun témoigne d’un véritable savoir-faire et d’une certaine inventivité du côté des scènes d’action. Quelques visions restent en mémoire, tel le combat au katana qui ouvre le film, longuement filmé à travers un train en marche, décomposant de la sorte les mouvements des personnages ; ou quand, au sein d’un même plan, Byun Sung-Hyun fait coexister diverses issues possibles à un affrontement, démultipliant les corps en mouvement. On reste cependant mitigé : Byun Sung-Hyun ménage un équilibre somme toute assez convenu entre film d’action et chronique familiale, réservant les emballements formels au premier, et une certaine sobriété à la seconde. Malgré son apparence survoltée, Kill Boksoon reste un peu trop sage pour tenir toutes ses promesses.