Doug Liman reprend le cas de Valerie Plame, agent de la CIA en mission secrète dont le nom avait été révélé en juillet 2003 dans plusieurs articles, en représailles du coup de gueule de son mari dans le New York Times. Celui-ci dénonçait le fait que le gouvernement Bush soit allé à l’encontre de son avis sur la présence ou non d’armes de destruction massive en Irak, et qu’il s’en serve comme prétexte pour attaquer Saddam Hussein.
Liman ne construit pas son thriller politique autour du journalisme – la question de la confidentialité des sources est surtout ce qui avait à l’époque fait débat – mais sur le couple Plame-Wilson : Naomi Watts et Sean Penn, à l’énervement constant et à la fatigue très réaliste. De la révélation d’une identité qui laisse perplexe tous les proches aux coups de téléphones anonymes qui menacent ces « communistes », c’est avant tout l’explosion d’une cellule familiale sur fond de grandes manœuvres politiques. David (et ses proches) contre Goliath, à l’ouest rien de nouveau.
Les États-Unis ont cette capacité à faire de leur histoire de formidables show, certes, même la plus récente (voir Green Zone, à l’autre bout de ces mêmes armes de destruction massive). Mais le rendu de cette affaire est devenu si classique, le passage des stars aux images d’archives si convenu, l’amorce si pénible (ridicule scène d’ouverture à Singapour où l’on voit Plame arrêter une sorte de nabot maléfique dont l’oncle trafique de l’uranium), et l’histoire finalement si connue que sa réalité n’impacte presque plus.
Ce n’est que passée la première demi-heure que Fair Game devient un peu prenant, lorsque la tension monte entre Watts qui veut taire l’affaire et digérer son éviction de la CIA, et Sean qui crie sa peine de s’être fait rouler par le gouvernement. Mais le film dégonfle rapidement.
De droite comme de gauche, les machines hollywoodiennes désincarnées reposent éternellement sur les deux mêmes ressorts : la famille, et – second niveau – les États-Unis. Le couple décide donc de ne pas se laisser détruire, de faire face ensemble, tout ça pour le plus grand bien de la nation. Une fois encore on attendait (beaucoup) plus d’originalité.