Après Mon frère est fils unique, Daniele Luchetti raconte le drame social d’une famille italienne ordinaire. Claudio (le bouillonnant Elio Germano, justement récompensé par le prix d’interprétation masculine), jeune ouvrier, vit la troisième grossesse de sa femme dans la plénitude de leur amour, au milieu d’une famille aimante : frère, sœur, amis, et leurs deux premiers enfants. Mais à l’accouchement sa femme meurt. Désemparé, il se lance avec acharnement dans le travail et prend la gestion d’un chantier important, au risque évident de ne pas pouvoir l’assumer.
La force du tout début – un amour simple mais juste – est un beau prologue qui annonce la parfaite tenue de route du film. Rapidement il semble que le destin guette et patiente pour s’acharner avec efficacité. Après la mort de la femme s’amorce une courbe descendante et l’on redoute le drame total, déprimant et surtout vain. Mais Luchetti a l’habileté de réussir à surprendre, à ne pas trop se laisser aspirer par la spirale dans laquelle il jette son personnage.
Car si le film frise le mélodrame dans le rapport à la famille, à l’être aimé, et malgré l’usage de chansons italiennes, il reste d’une justesse indéniable, fortement émouvant mais pas tire-larme. Le pathos est évité et scénario comme mise en scène contournent les facilités peu avant l’impact.
Reste que cette histoire semble avoir été vue tant de fois, la chute ou le passage à vide, l’appui formidable d’une famille – quelle qu’elle soit – et la réhabilitation. Belle histoire mais trop classique, particulièrement dans son traitement. La mise en scène toute dédiée à l’efficacité des émotions, à la puissance de chaque séquence, oublie d’être inventive. Il n’en restera que des vibrations qui ne dépassent pas la salle. On en attend plus de Cannes.