Après le Cambodge dans Diamond Island, Davy Chou a posé ses valises en Corée du Sud pour Retour à Séoul, drame centré autour d’une jeune Française, Freddie, partie au Pays du matin calme à la recherche de ses parents biologiques. Accompagnée par une nouvelle amie qui joue aussi le rôle de traductrice, elle rencontre son père biologique, alcoolique, mais essuie un refus de la part de sa mère qui la contraint à éterniser son séjour dans la péninsule. Tout en s’inscrivant dans la lignée du premier long-métrage de Chou, le film délaisse la part de rêverie urbaine qui le caractérisait au profit d’une perspective plus strictement dramatique. Si l’on trouve bien quelques séquences où le cinéaste confirme son penchant pour les visions colorées et scintillantes (notamment une scène de boîte de nuit qui coupe le récit en deux), il est désormais moins question d’explorer un espace aux contours singuliers (comme le chantier immobilier à Phnom Penh dans Diamond Island) que de suivre les bouleversements émotionnels de son personnage principal. Le film n’est dans cette perspective pas avare en moments assez poignants, s’appuyant notamment sur les petites confidences à moitié trahies par les traductions approximatives des protagonistes.
On peut toutefois regretter une chose, non négligeable : certaines scènes passent un peu en force, lorsque le montage vient souligner des silences « qui en disent long ». À nombreuses reprises se déploient dans le film ces instants doux-amers, parfois très beaux (la rencontre entre Freddie et sa mère), ailleurs plus attendus (un morceau joué au piano par la jeune femme à la fin de son parcours), mais où la mise en scène, temporairement plus discrète, souligne par sa retenue les non-dits du récit (principalement les sentiments de Freddie : sa colère, son incompréhension, son soulagement, etc.). De manière générale, Retour à Séoul change peut-être trop souvent d’horizon pour pleinement convaincre, en misant d’un côté sur une forme de simplicité distanciée et, de l’autre, sur un style plus turbulent (lors des scènes de danse), davantage en phase avec le tempérament de Freddie et de son actrice, Park Ji-min, mue par une énergie débordante.