Les films de genre de festival tombent souvent dans deux écueils : d’une part, envisager l’incursion sur les terres du fantastique (ou de la science-fiction) comme le terreau d’une allégorie ; de l’autre, remaker plus ou moins directement un classique hollywoodien avec beaucoup moins de moyens et de talent. Acide a la mauvaise idée de de cumuler ces deux tares : les pluies corrosives qui s’abattent sur le nord de la France et la Belgique nourrissent une fable évidente sur les dangers du réchauffement climatique, en même temps qu’elles permettent à Just Philippot de faire sa version de La Guerre des mondes, avec Guillaume Canet à la place de Tom Cruise.
Le problème principal du film, c’est que cette menace climatique en particulier n’est pas très cinégénique. Il est possible de faire peur avec un nuage (Jordan Peele l’a prouvé), mais les possibles narratifs qu’exploitent mollement la mise en scène (d’inquiétants cumulus, des flaques brûlantes dans un champ) s’avèrent trop peu nombreux pour justifier un long-métrage. Acide était justement d’abord un court, réalisé en 2018, dont le petit succès a permis à Philippot de monter La Nuée. De ce rejeu, le réalisateur tire le récit monolithique d’une résilience dominée par une imagerie doloriste. Le propos est clair, mais peu subtil : face aux périls causés par le réchauffement de la planète, il n’y a pas d’échappatoire.