Coproduit par Le Fresnoy-Studio National des arts contemporains, ce documentaire expérimente une manière de traiter les atrocités de la guerre et la difficulté d’une confession sous un mode plus conceptuel que d’habitude. À condition de ne pas révéler son identité, un ex-soldat israélien revient sur un épisode de représailles au cours duquel deux policiers palestiniens sont restés morts, en demandant le pardon. Seul face caméra avec sa copine pacifiste qui tente de le raisonner en lui faisant réaliser l’ampleur de sa responsabilité, il parvient tout de même à ne pas faire les frais d’une inculpation tous azimuts de la part du réalisateur qui refuse de le traiter comme un phénomène de foire. Au lieu de transformer cette épreuve en télé-réalité, Mograbi choisit de respecter la volonté du soldat en utilisant une sorte de masque – réalisé en post-production à l’ordinateur par Avi Mussel – qui voile son visage à trois degrés différents, selon les situations. Flouant uniquement la peau du visage de manière à laisser la bouche et les yeux intactes, la notion de documentaire est interrogée quant à son exigence de réalité et à la possibilité d’un artifice. En effet, le spectateur ne s’aperçoit que furtivement de la présence d’un masque qui fait écho aux barrières psychologiques rencontrées par le soldat tout au long de sa confession. Aussi, c’est sous le signe d’une absolution que sont écrites les chansons chantées par Mograbi entre les séquences. L’interrogation est toujours la même : ces soldats sont-ils juste des assassins ou bien ont-ils le droit d’être accompagnés dans leur quête de vérité ?