Out of Tehran est un film exemplaire, à entendre dans le sens d’un cas d’école en terme d’éthique de l’image – au-delà même du cinéma ou du documentaire. Ceci à partir d’un sujet que l’on qualifiera d’inattaquable et dans l’air du temps : quatre exilés iraniens ayant souffert comme tant d’autres de la répression post-électorale de 2009. Monica Maggioni semble avoir lancé une sorte de pari plus que douteux à ses collègues de la Rai Cinema (producteur du film) : faire de ce film l’objet le plus hautement putassier. Out of Tehran transpire la peur, pas celle des protagonistes – qui en savent pourtant quelque chose –, mais la frousse que ces témoignages emmerdent le monde. Alors on met le paquet sur l’emballage, de peur qu’un plan ne soit pas chiadé – on imagine bien la réalisatrice lançant à son chef opérateur après le dérushage : « bien joué coco, t’as bien chopé la larme, c’est exactement ce que je voulais ! » On ne tourne pas à une, ni deux, mais à trois caméras : cadrage, recadrage, décadrage, montage. Et que je fais, défais, refais le point. Et que je prends en charge la parole, mais pas toujours parce que ça va botter le cul des gens. Et la musique, faut-il le dire? Partout, tout le temps, une sorte de gros Stabilo émotionnel, au cas où. Bien avant une scène d’aéroport absolument ignoble, le pari, s’il existe, est largement tenu : transformer ces récits de souffrance en un méprisable spectacle.