Tiens, un orage éclate, il était temps : quelle chaleur ! Pour l’instant, le plafond du Palazzo del Casino tient le coup. De quoi parle-t-on au fait ? Ah oui ! Madonna. Elle a fait un film, avec des acteurs, une mise en scène, de la musique. Il était montré ce matin à la presse. Des fans sont déjà postés devant le Palazzo del Cinema pour la projection de ce soir. Ont-ils passé la nuit ici ? Probable.
Une malheureuse personne vient de faire une lourde chute en salle de presse ; le vacarme effarant fait craindre le pire… Ouf, plus de peur que de mal. Bon, le film de Madonna s’appelle W.E., qui n’est pas un remake du Week-End de Godard, ni, même si on croise bien George VI, le prequel du Discours d’un roi de Tom Hooper. On voit surtout Edward VIII (pour le « E. » du titre), et on entend même une partie de son discours d’abdication. Électron libre de la couronne, il mène une vie dissolue, notamment une scandaleuse histoire d’amour avec Wallis (pour le « W. »), une Américaine encore mariée.
Voilà qu’un MacBook échappe des mains (chaleur moite oblige) d’une jeune journaliste, ça semble sérieux, j’espère qu’elle va pas perdre son boulot au moins. Oui oui, le film… Alors, ça porte sur les tourtereaux subversifs, mais attention, gros coup scénaristique : il y a d’incessants va-et-vient entre les années 1930 et aujourd’hui, où une jeune New-Yorkaise s’avère totalement obnubilée par cette histoire, ce dont elle a hérité de grand-mère et maman ; d’ailleurs, elle s’appelle Wally : lourd passif.
Ah ça n’aura pas duré cet orage, espérons au moins que ça aura rafraîchi l’atmosphère, parce que franchement, après cet été pourri, y a vraiment plus de saison ! Bref. La Wally d’aujourd’hui vit par le prisme de cette romance, ce qui contamine nettement son quotidien, elle a même droit à quelques visites de Wallis.
Tu parles d’un orage, à nouveau ce soleil accablant. Et la clim, faudrait un peu la pousser ! Si au moins j’avais pensé à prendre mon maillot, j’aurais pu aller piquer une tête. Une crème glacée ? Ah oui tiens, pourquoi pas. Mais il faut conclure : Madonna entend bien faire cheminer son héroïne vers la liberté, ce qui passe par quelques moments cathartiques, notamment : un vigile nommé Evguéni, une grossesse, une rencontre avec le beau-père de Lady Di (si si !), Mohammed al-Fayed. Le tout noyé dans une surenchère d’effets sonores (et d’un juke-box presque continu) et visuel, ce qui convoque un cinéma singulièrement pompier, comme si un barman avait réuni Wong Kar-Wai, Tom Ford et Paolo Sorrentino dans le même shaker. Pour le dire simplement, Madonna donne l’impression de s’être acheté un film, mais ce n’est pas la seule raison qui fait que W.E. laisse un goût amer. Une glace s’il vous plait ! Et de bons films, chère Mostra !