Programme 1
Easter Morning et un court-métrage expérimental de 10 minutes, en Super 8, de l’Américain Bruce Conner. Sur fond de musique interprétée par l’Orchestre de Cinéma de Shanghai avec des instruments traditionnels chinois, des images de fleurs et de feuilles, parcourues par des tâches de lumière. Le cadre s’élargit ensuite pour dévoiler une femme, à l’intérieur d’une pièce ouverte sur un extérieur, sans doute marin, que l’on aperçoit au loin.
Mes copains, premier film de Louis Garrel, donne l’impression d’un journal intime. En ouverture, un jeune homme retrouve sa mère qui lui demande d’écrire pour elle une lettre. La bienvenue absence de champ contre champ et la longueur des plans lors de l’échange rend assez forte l’émotion de la mère, en larmes et démunie. En revanche, quand le jeune homme rejoint son copain, les dialogues introduisent une problématique bien banale (il soupçonne sa petite amie d’avoir dormi avec un autre). Pas d’intrigue à suivre pour autant, Garrel juxtapose librement des moments déconnectés. Sur fond de musique italienne, les personnages se mettent à danser, leurs gesticulations rappelant le jeu du cinéaste-acteur. Lorsqu’ils se posent dans un bar, le temps semble s’être arrêté pour les quatre copains. Les longs gros plans rendent bien compte de la vacuité du moment et permettent de contempler les visages, mais rien ne se dégage vraiment de ces personnages et de leurs relations. Dans la dernière scène, le jeune homme retrouve sa sœur (interprétée par la sœur de Garrel), en larmes : échos à la scène d’ouverture, on retrouve alors une certaine force dans l’émotion véhiculée. Outre ces brefs instants où l’émotion point et certaines idées de mise en scène, on cherche vainement dans ce film une substance conséquente qui le rendrait vraiment intéressant.
Ciel éteint ! de FJ Ossang nous mène au bout du monde, dans de vastes plaines parsemées d’arbres morts, secoués par le vent. Y déambule un couple en manteau de fourrure : une femme vamp, un homme qui prononce avec un fort accent des phrases au sens abscons, relayées par des cartons qui le sont tout autant. Si l’on peut rester à distance du message métaphysique opaque, la qualité de l’image et l’étrangeté de l’ambiance rend ce film assez fascinant.
Yann Gonzalez a trois court métrages à son actif, tous trois ont été présentés à la Quinzaine. Je vous hais petites filles reprend en le prolongeant son précédent court, avec la même actrice, Kate Moran. Son personnage ne jouit plus depuis que son petit ami est mort et n’arrive pas à en faire son deuil : elle promène son corps, hystérique ou las, de fêtes de travestis en concerts, à la recherche de ce qu’elle a perdu. Ce corps est le fil conducteur de scènes déconnectées aux ambiances souvent crues, jusqu’à une belle dernière scène où le personnage, que l’actrice sert avec assez de force, se libère.