Le Ruban blanc récompensé, Cannes a plié bagages. Parce qu’évidemment, Cannes, c’est la Palme, non ? Non. Cinéphiles, journalistes, spectateurs, on est tous plus ou moins heureux pour Michael Haneke, qui a fini par trouver quoi mettre sur sa cheminée. Mais lorsque la sélection ne prend que des risques minimaux, n’accueillant que des cinéastes chevronnés, lorsque la récompense suprême frise le copinage éhonté, lorsqu’on voit des festivaliers interloqués de la présence du Sam Raimi dans le palais des festivals (« c’est du cinéma, ça ? »), lorsqu’on ose improviser un prix pour un vieil homme, qui se renouvelle sans cesse, par pitié et presque par condescendance, on parle de tout sauf de cinéma. Or, le cinéma, il est bien là, à Cannes. Il faut aller le chercher, fureter dans ces sélections dont nombres de films n’ont pas même de distributeur, prendre le risque que n’a pas su oser le jury de la sélection officielle : aller à la découverte du cinéma. Les sélections parallèles qui ont accueilli ce cinéma-là arrivent dans la capitale : lectrices, lecteurs, précipitez vous pour découvrir ces films qui, peut-être, n’auront jamais les honneurs de la distribution – parce qu’un spectateur est toujours une meilleure récompense que toutes les Palmes, Ours, Oscars et Gérards.