La rétrospective Kurosawa organisée par la Cinémathèque française du 23 juin au 1er août sera l’occasion de confronter notre regard occidental à cet orient hiératique, foisonnant, parfois truculent, dont les films du cinéaste sont emplis. Mais Kurosawa est allé au-delà de la confrontation de deux mondes, il a fusionné, dépassant la cassure de la deuxième guerre mondiale, son idéal hollywoodien avec sa réalité japonaise. Douze années après sa mort, sa vision de la pauvreté, de la nature, des jeux de pouvoir, de l’histoire de sa patrie, de la vieillesse, apparaissent toujours drapés dans le voile et les tentures peintes de son univers onirique : « l’homme a du génie lorsqu’il rêve », ainsi parlait Tenno, « l’Empereur », sobriquet qui témoignait de l’emprise de Kurosawa sur ses équipes de tournage. Gageons que Kurosawa fut l’incarnation d’un tel rêveur, et qu’il donna à contempler l’illumination de sa vérité. Après sa mort, l’ombre de sa maîtrise plane sur son œuvre, comme une présence de nuage et d’eau, un sui, éléments qui définissent dans le bouddhisme zen le moine dans la recherche de la voie.