Choisi par la Semaine de la Critique pour fêter les soixante ans de sa sélection, Les Amours d’Anaïs, premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, avance sur un rythme allegro et sert avant tout d’écrin au jeu brillant de son interprète principale, Anaïs Demoustier. Dans une série de plans-séquence baignés par la musique au piano de Nicola Piovani, l’actrice impose au récit un tempo véloce par son sens du comique, qui fait presque toujours mouche lors de ses inarrêtables logorrhées. Prolongeant l’argument du premier court-métrage de la réalisatrice (Pauline asservie, dans lequel jouait déjà Demoustier), le film suit les atermoiements d’une thésarde en littérature, moins intéressée par la casuistique amoureuse que par sa mise en pratique.
Attirée successivement par un éditeur veule (Denis Podalydès) et son épouse autrice (Valéria Bruni-Tedeschi), Anaïs se plie ainsi aux règles d’un marivaudage à première vue traditionnel (l’humour du film repose beaucoup sur les tensions qui régissent ce ménage à trois), avant que le récit ne bifurque de manière inattendue, lorsque la passion pour l’écrivaine l’emporte. Plus convaincante dans son versant comique que sur celui des rapprochements sentimentaux, la mise en scène des Amours d’Anaïs donne en vérité le sentiment d’une perte progressive de vitesse, au sens propre comme au figuré, dont le tout dernier plan, un long ralenti, pourrait être le symptôme. Encombré d’une intrigue secondaire dramatique et superfétatoire autour de la mère d’Anaïs, le film navigue un peu laborieusement entre la légèreté de ses premières minutes et le sérieux de sa dernière partie, en dépit de l’énergie dépensée par les acteurs, tous excellents.