Le beau succès rencontré il y a trois ans par Persepolis est probablement la raison qui a poussé Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud et leurs producteurs à adapter pour le cinéma l’autre roman graphique de Satrapi, Poulet aux prunes. Mais là où Persepolis était une retranscription fidèle de la BD, jouant merveilleusement avec les possibilités offertes par l’animation, Poulet aux prunes se veut plus ambitieux en proposant une version live du récit, il est vrai plus classique dans sa forme scénaristique. Épaulés par un casting solide (Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Isabella Rossellini, Chiara Mastroianni, Jamel Debbouze, Éric Caravaca, et Édouard Baer en voix off), Satrapi et son complice Paronnaud avaient de quoi être confiants.
Peut-être un peu trop ? Absolument rien ne fonctionne dans Poulet aux prunes, de l’esthétique très Amélie Poulain du pauvre aux dialogues consternants de platitude, des choix de mise en scène qui partent dans tous les sens mais n’aboutissent à rien (le décor qui s’anime, jolie idée jamais vraiment exploitée) à l’interprétation approximative de certains comédiens, du mélange des genres qui ne prend jamais (humour, conte, mélo, animation) à la toile de fond historique et politique, complètement diluée dans la mièvrerie de l’ensemble. Un véritable calvaire d’une heure trente qui ferait bien rire s’il ne faisait pas autant de peine : franchement, quelle mouche a piqué Marjane Satrapi pour massacrer à ce point sa propre œuvre ? Et qu’est ce qu’un film aussi médiocre fait dans la sélection officielle d’un festival comme la Mostra de Venise ?