Al Pacino est un peu comme Martine : il fait beaucoup de choses (il prend le train, la voiture, parfois même marche-t-il) et reste persuadé que ses multiples activités sont passionnantes et méritent de peupler un long-métrage. Las ! On se tamponne le coquillard à coups de pattes d’alligator femelle de ses voyages, de ses enfants, de sa complicité avec le public et les vigiles, de ses discours éclairés sur la profondeur d’Oscar Wilde. Car Monsieur Pacino, en effet, se pique de littérature : et il en enchaîne, des clichés et des inepties, le bougre. Dans la veine de Looking for Richard, l’acteur s’est pris de passion pour Salomé, et a donc décidé de faire d’un seul coup d’un seul : 1) un film sur la mise en scène de la pièce à Los Angeles, 2) un film sur Salomé, 3) un film sur le film sur la mise en scène et sur le film sur Salomé. Comme, visiblement, l’entreprise était trop complexe, Pacino s’est recentré sur ce qui l’intéresse vraiment : lui-même. À force de scènes totalement inintéressantes sur le planning de tournage, sur ses visites des lieux culte de Wilde (ouaaaaaahhhhh, il habitait donc là !) et ses doutes existentiels (je n’en peux plus de lire mon nom en permanence dans les journaux !), on finit par ne remarquer que l’enlaidissement de cette figure du cinéma américain qui arbore une bouille botoxée et une coloration capillaire discutable et qui, feignant le geste cinématographique, tente simplement d’ajouter une pointe d’intellectualisme à son CV. Tout se finit pourtant bien à Venise : le film n’est pas passé, mais la pizza quatre fromages qui suivit a requinqué l’équipe, abasourdie par tant d’égocentrisme et de médiocrité.