Jusqu’ici, le plan marketing étiqueté « come-back via le cinéma hollywoodien auteuriste » semble plutôt bien fonctionner pour Michael Keaton. Le film Birdman d’Alejandro González Iñárritu, où il joue (on vous le donne en mille) un ex-interprète de super-héros reconverti en metteur en scène de Broadway, a déjà reçu un accueil critique et public plus qu’estimable aux États-Unis (on se demande bien pourquoi… et puis non, en fait, on a mal rien qu’en devinant pourquoi). À présent, c’est à la prochaine 72e cérémonie des Golden Globes qu’on l’attend : les nominations viennent d’être annoncées, et le film en ramasse pas moins de sept (dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur dans une comédie… évidemment). Ce qui, en nombre de nominations, le place non seulement en tête mais à bonne distance des autres candidats : Boyhood de Richard Linklater et le biopic The Imitation Game le talonnent péniblement à 5 nominations ; Gone Girl de David Fincher, The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, et les biopics Selma (sur Martin Luther King) et Une merveilleuse histoire du temps (sur Stephen Hawking) en arrivent à 4. Quant à Foxcatcher de Bennett Miller, remarqué au dernier festival de Cannes, il n’en obtient que 3, à égalité avec le nouveau film de Tim Burton Big Eyes. Sachant que la cérémonie des Golden Globes, s’agissant des catégories liées au cinéma, est généralement considérée comme l’antichambre de celle des Oscars, il est à craindre que l’ascension du film d’Iñárritu (sortie prévue en France pour le 25 février 2015, soit trois jours après les Oscars) ne s’arrête pas là…
Pour faire bonne mesure, Keaton n’est pas le seul pour qui on fait miroiter un come-back. La catégorie « meilleure actrice dans un drame » a réservé une place à deux comédiennes qui en avaient sans doute bien besoin : Jennifer Aniston pour son rôle de femme aigrie fascinée par un suicide dans Cake, et Reese Witherspoon en randonneuse de l’extrême dans Wild de Jean-Marc Vallée. Mais la concurrence sera rude, avec notamment au tournant Julianne Moore en psychologue atteinte de la maladie d’Alzheimer dans Still Alice, et Rosamund Pike dont on ne présente plus le rôle dans Gone Girl. À noter que Julianne Moore est également citée dans la catégorie « meilleure actrice dans une comédie » pour… Maps to the Stars de David Cronenberg (belle comédie, en effet…).
Moins déprimante fut l’annonce des nominations dans les catégories télévisuelles (sans doute à l’image du rapport de qualité changeant entre cinéma et télévision aux États-Unis…). Le match promet aussi d’être plus serré : si les nombres de nominations mettent en tête la série Fargo (5 fois) inspirée du film des frères Coen, cela ne marginalise pas vraiment ses concurrentes, comme True Detective (4 fois), House of Cards, The Normal Heart, Orange Is the New Black (3 fois) ou encore Ray Donovan (2 fois). À noter :
— l’occupation de la catégorie « meilleur acteur masculin de mini-série ou de téléfilm » par deux tandems de comédiens de deux séries différentes : Martin Freeman et Billy Bob Thornton pour Fargo, et Matthew McConaughey et Woody Harrelson pour True Detective ;
— la citation de Mark Ruffalo sur deux médias différents dans cette cérémonie, au cinéma comme second rôle dans Foxcatcher et à la télévision comme acteur dans The Normal Heart.