Week end du 17 et 18 septembre : arrestation de sept personnes, une productrice et six cinéastes, dont Mojtaba Mirtahmasb, coréalisateur avec Jafar Panahi de Ceci n’est pas un film. Avant même cet énième coup de boutoir des autorités de la République islamique, on peut considérer – au-delà du seul prisme du monde du cinéma – la situation iranienne comme très grave ; la «détente» des années Khatami (président réformateur de 1997 à 2005) n’étant plus qu’un très lointain souvenir. Depuis 2009 particulièrement, un cinéaste au service d’une vision complexe du pays et de la société est un ennemi objectif qu’il faut réduire au silence. Alors? Alors il faut le dire, ne pas s’habituer à ce terrible état de fait, ce que nous faisons depuis plusieurs années dans nos éditoriaux et articles. D’autant que dans ce climat de complète hostilité, des caméras tournent et des œuvres nous parviennent, parfois par le biais de clés USB sorties discrètement du pays – ce fut le cas des films de Mohammad Rasoulof (Au revoir) et de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb, dont Ceci n’est pas un film sort sur les écrans cette semaine. Si une certaine émotion indignée n’est pas absente, Critikat est dédié au cinéma et ces films sont perçus en tant que tel, sans «discrimination positive» ni complaisance. Et notre plus grand plaisir, c’est de constater la grande tenue d’ensemble de ces œuvres. Dernier exemple en date : Ceci n’est pas un film en est bien un, très bon, avec, notamment, un terme complètement sidérant. Faire ainsi honneur au 7e art dans un tel contexte en dit long sur la valeur de ces réalisateurs continuant à nourrir cette terre de cinéma essentielle qu’est l’Iran. Voir ces films, c’est aussi se rendre à l’évidence que ce pays n’a définitivement pas le visage d’un régime dont la violence arbitraire n’est peut-être pas que la marque de sa très grande bassesse. C’est peut-être optimiste, mais on peut aussi y percevoir de la peur, et un aveu de faiblesse.