De vieux visages du cinéma sur un fond rouge-jeunesse, voilà l’affiche ; de jeunes images mêlées aux plus vieilles, voilà le fond. Au temps des feuilles mortes, s’il est un événement cinématographique, c’est bien le festival Entrevues, qui se déroulera à Belfort du 24 novembre au 2 décembre. Le maître-mot, c’est réunir, tant le festival tient cette année à signifier au plus grand nombre que ses portes ne sont pas gardées par un micromilieu d’initiés, mais sont ouvertes à tous. Témoin de cet effort, une géniale programmation enroulant dans un même regard les œuvres, souvent inédites, de jeunes cinéastes du monde entier, un panorama sur l’argent et le capitalisme en temps de crise et des rétrospectives des films de Rob Zombie, Ernst Lubitsch et Mocky (en sa présence et celles de ses acteurs) : soit l’horreur, le double-fond et la satire pour une vue sans fard de notre temps quand il ressemble aux heures pâles du passé et aux jeunes espoirs de demain. Entrevues, grâce à la détermination de Catherine Bizern, cette année appuyée par plus de 450 bénévoles, a depuis longtemps choisi son camp, celui de la recherche, celui de l’émotion et de la compréhension. En bref, une forme d’ « intelligence du cœur ». Rien d’étonnant à ce que ce festival nous invite à nous rassembler par la pensée. Cette réunion a aussi pour nom sélection. Et en matière de compétition, on peut être assuré d’avoir droit au fin du fin. Celle d’Entrevues s’annonce serrée : sur 1500 films de 86 pays visionnés, 15 long-métrages et 15 court-métrages ont été retenus, représentant 16 pays. Trois long-métrages, d’Éric et Marc Hurtado, Eléonore Weber et Patricia Allio et trois court-métrages, de Bijan Anquetil, Marie Monge et Justine Triet, y représenteront la France. Avec toutes ces images d’aujourd’hui qui nous parlent chacune de leur ici et maintenant, et toutes celles d’hier qui doivent toujours causer au présent, avec au jury, Jacky Evrard, Sophie Fillières, Andrea Picard, Jean-Baptiste Thoret et, ô grand dieu, Ben Russell, Belfort s’annonce fort !