Présentée en compétition documentaire, cette œuvre nous présente des fragments de nuits passées au Japon, ou dans un ailleurs rêvé, avec des femmes qui se livrent physiquement et verbalement. L’auteur nous parle avant tout de mort et de sexe et de son rapport aux femmes rencontrées, ce qui est exacerbé par une imagerie nippone habituellement liée dans l’esprit occidentale aux fantasmes et aux jeux sexuels extrêmes. Les femmes filmées, pour la plupart des prostituées, sont dans l’acte – ici l’acte sexuel – comme le réalisateur qui filme de manière abrupte les corps qui jouissent et souffrent. Ces femmes affrontent alors notre regard, qui devient voyeur et analytique alors qu’elles sont dans la franchise naïve de leur nudité et de leurs mots. Le film joue sur l’accumulation des couches filmiques, avec plusieurs portraits qui répètent le discours du cinéaste. Chaque personnage est nommé Iku – «je jouis», en japonais – par le personnage fictif à qui elle s’adresse, mais elles ont chacune une personnalité, une histoire, un rapport à leur corps différent ; elles ne sont pas seulement ce trou morbide et sans nom dans lequel l’homme se vide et se répand. Cette œuvre, plastiquement réussie, est intelligemment dérangeante et radicale par sa franchise et l’amour porté aux sujets filmés.