Medusa, deuxième long-métrage d’Anita Rocha da Silveira, apparaît comme le prototype du « film de genre de festival », avec une satire cinglante de la société brésilienne se réappropriant les codes et les motifs issus du cinéma populaire. Cette dernière épingle les paradoxes du Brésil de Bolsonaro, où la coexistence du puritanisme et du virilisme exacerbe le culte de l’artificialité et de la vulgarité au sein de la population. Membre d’un groupe évangéliste qui agresse les « pécheresses » en les poussant à se confesser devant la caméra de leur smartphone, Mariana se retrouve pétrifiée par le regard d’une ancienne victime, la « Méduse » qui donne son titre au film, avant que l’appel du désir ne vienne la tourmenter. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la mise en scène se révèle plus prude encore que ses personnages principaux et ne creuse pas vraiment la piste érotique, la tension sexuelle se réduisant à quelques baisers dignes d’une telenovela, et à un bref plan sur un phallus.
Si cette Medusa s’échoue sur la grève, c’est qu’elle se révèle incapable d’embrasser la multitude des genres dont elle se revendique (film de bande, de secte, d’hôpital, teen movie, comédie à l’italienne, etc.), se contentant de singer le style de metteurs en scène autrement plus convaincants (particulièrement celui de Nicolas Winding Refn dans The Neon Demon). L’utilisation de certains symboles (par exemple, l’assimilation entre les Brésiliens désengagés et des patients dans le coma) s’avère parfois pertinente, mais elle est plombée par la médiocrité de séquences toutes filmées par-dessus la jambe. La fragilité de la mise en scène semble être brandie en étendard par un film qui ne cesse de regarder son spectateur droit dans les yeux (d’innombrables regards caméra), afin de le convaincre que l’important, ce n’est pas tant ce qui se passe à l’écran que le discours qu’on finit par lui hurler au visage.